Quelques mots sur l’écriture inclusive…

Je suis intervenue au Parlement sur l’écriture inclusive.

Parmi les sources d’inégalité entre hommes et femmes, l’expression de la langue joue un rôle en renforçant la hiérarchie entre les catégories de sexe, masculin et féminin, façonnant la pensée et les représentations sociales autant qu’elle les traduit. Surtout la règle du  masculin qui l’emporte. Ce  langage d’écriture inclusive dit « non sexiste»,  cherche à éviter toute discrimination sexiste par le langage ou l’écriture.

L’écriture inclusive et certainement la féminisation des titres et fonctions matérialise en réalité le fait de prendre les femmes et les filles en compte dans la communication.

C’est une manière d’écrire qui se veut plus respectueuse de la place du féminin (et donc des femmes).

Mettre au féminin les noms de fonctions et de professionsmodifie la manière d’être considérée et la manière dont les filles peuvent se projeter dans un avenir. Intéressant de noter les résistances, car dans le subconscient certaines fonctions féminin semble dénuée de pouvoir. Et pour certain.e.s l’on ne peut être que « maître » là où on excelle, car la maîtresse est forcément une pêcheresse ou une institutrice, mots qui s’accordent très bien au féminin d’ailleurs !

Or, les stéréotypes sexués sont intégrés par les enfants dès leur plus jeune âge.  Et que les enfants ne comprennent pas nécessairement la nuance entre la règle grammaticale, d’une part, et la hiérarchie sociale dans laquelle nous nous inscrivons toutes et tous, d’autre part.

Les images véhiculées par le langage, les mots, les représentations, nous en apprennent long sur la distribution inconsciente des places et du pouvoir, comme sur la catégorisation de l’autre qui s’impose spontanément à notre esprit et limitent notre espace de mouvement ou de parole.

Ainsi, depuis tout.e petit.e nous intériorisons, nous intégrons par l’apprentissage de la langue française,  une certaine invisibilisation des femmes dans notre communication au quotidien. Le genre neutre, qui existe dans d’autres langues, n’existe pas en français. Le masculin y représente donc le neutre, mais aussi l’universel, contribuant à biaiser les représentations du réel par des mécanismes d’invisibilisation du genre féminin.

Inférioriser le genre féminin dans la grammaire constitue une violence symbolique et une source de maintien d’inégalités de genres. 

L’écriture inclusive est une méthode parmi d’autres mise à notre portée pour contribuer à restaurer l’égalité entre les genres féminin et masculin en français. La question de son emploi au sein des administrations Bruxelloises est dès lors tout à fait intéressante.

Monsieur le Ministre, j’aimerais ajouter quelques questions complémentaires à celles de mon collègue :

  • Ces bonnes pratiques, dont fait mention mon collègue, sont-elles arrêtées par un texte commun à toutes les administrations bruxelloises?
  • Plus particulièrement pour les emplois dans la fonction publique, les appels à candidatures sont-ils systématiquement rédigés en écriture inclusive ? Dans l’affirmative, cela est-il fait de manière volontaire ou des règles existent-elles ? ( ex ixelles)
  • De même pour ce qui concerne les appels à projets, ceux-ci sont-ils également rédigés de manière à féminiser les porteurs et porteuses de projets par exemple.
  • Cependant, l’écriture inclusive est aujourd’hui pointée du doigt par des associations de non-voyant.e. s car les logiciels de lecture de site internet ne sont pour le moment pas adaptés à cette écriture. Est ce que quelque chose est prévu au niveau des sites des institutions publiques ?

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