Le 8 mars, ça marche pour les femmes, toutes les femmes

Cette année, le 8 mars se déroule, pour beaucoup de féministes dont moi, dans un contexte de tensions regrettables.
La journaliste Natacha Polony l’a dit très joliment : « Celles qui ont confisqué le beau mot de féminisme pour en faire l’instrument d’une revanche et non celui d’une émancipation, n’ont pas le monopole du discours sur les rapports hommes-femmes ».
A ces femmes qui s’attaquent aujourd’hui au féminisme universaliste, -dont la portée ne se limite pas à une origine particulière, et au contraire  s’adresse à toutes et tous-, et qui prêchent l’intersectionnalité des luttes, je dis NON.
Non, je ne serai pas assignée à résidence identitaire. Ni parce que je suis une femme blanche, ni parce que je suis juive.
Non, car j’ai le droit de parler de tout, et je continuerai à défendre celles qui sont opprimées quelle que soit leur couleur de peau ou leur origine sociale et géographique.
Non, encore car le concept de prétendue race et les distinctions « raciales » sont le fait d’obscurantistes.
Je me bats depuis ma jeunesse pour revendiquer une citoyenneté partagée, universaliste, européenne. Je ne veux pas être mise dans une case. Je ne veux pas de concurrence des victimes, pas de hiérarchisation dans la gravité des auteurs ( non, ils ne sont pas moins coupables parce que issus d’une minorité !), pas de hiérarchisation des luttes.
Non enfin, car il est essentiel que les hommes aussi se battent avec nous, pour l’égalité.
Ce 8 mars, une fois encore nous marcherons pour les droits de TOUTES les femmes, pour revendiquer – encore en 2020 !- l’égalité, toute l’égalité, l’entière et pleine égalité.
Nous n’y sommes pas encore, chacun.e a pu le remarquer.
D’abord parce que l’inégalité salariale est toujours prégnante et que les inégalités de pension se creusent, chez nous et dans toute l’Europe.
Ce qu’on appelle communément le plafond de verre, vous savez.
Ensuite parce que l’accès aux postes de direction et de leadership est encore difficile et trop rare pour les femmes. Même à compétences égales. Même à formation égale.
Ce qu’on appelle le plancher collant, vous savez.
Sauf quand le poste est à haut risque ou que le salaire a été diminué.
Ce qu’on appelle la falaise de verre, vous savez.
Alors rappelons encore, à titre d’encouragement, qu’en 2020, les pays, les sociétés, les entreprises où l’égalité est plus tangible, sont plus épanouies, plus productives. Car l’égalité est l’un des baromètres de la démocratie : la majorité de la population ne peut plus être considérée comme une minorité, qu’elle soit politique, sociale ou économique.
En plus, encore, et toujours, il y a ces violences persistantes, ce frein violent à l’égalité. 
Un récent sondage d’Amnesty et SOS Viol : une personne sur deux en Belgique a été victime de violences sexuelles1 (47 %) Un.e jeune sur quatre a été victime de viol (24 %) et une victime de violence sexuelle sur deux y a été exposée  pour la première fois avant l’âge de 19ans (48 %). Une femme sur cinq a été victime de viol (20 %) et seules 14 % des femmes qui ont porté plainte pour des faits de violence sexuelle se déclarent satisfaites de cette démarche. Il reste du boulot.
Que fait-on concrètement pour que cela aille mieux ? Police, justice, santé restent des axes qui ne permettent pas suffisamment ni la prévention, ni la protection, ni les poursuites. Si certaines mesures ne nécessitent pas de moyens, on peut affirmer que sans un investissement important et des politiques coordonnées, on n’y arrivera pas.
Chaque année on le répète. Le 8 mars et les autres jours de l’année. 
Restons, soyons, devenons courageuses et courageux, dénonçons tous les silences, d’abord et surtout ceux des victimes mais aussi ceux qu’imposent les nouvelles règles de certaines féministes. Marchons ensemble, toutes et tous ensemble, demain pour les droits des femmes et l’égalité.

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