Mon intervention sur le port ostentatoire de signes conventionnels

En séance plénière du Parlement Francophone Bruxellois, ce vendredi, je suis intervenue sur le port ostentatoire de signes convictionnels. Voici mon intervention.

Monsieur le Ministre,

Cher.e.s Collègues,

Nous avons pris acte à partir des bancs de l’opposition, de la décision de la majorité (PS -Ecolo-Défi) de lever l’interdiction du port de signes convictionnels pour les étudiantes de l’enseignement supérieur et de promotion sociale.

Suite à l’interpellation de mon collègue, il me tenait à cœur de rappeler que leMR s’inscrit pour l’interdiction du port ostentatoire de tout signe convictionnel, c’est-à-dire évocateur d’une appartenance religieuse, politique ou philosophique, dans la fonction publique, les bureaux de vote, l’enseignement obligatoire et les hôpitaux publics, tant pour les élèves, les professeurs  que le corps médical; cela, au nom du principe de neutralité inscrit à l’art. 24 de notre Constitution.

La grandeur d’une civilisation se mesure, entre autres, par sa capacité à accueillir la différence et à se faire féconder par elle. Mais une société multiculturelle ne peut être la simple addition de communautés hermétiques ayant leurs propres règles. il faut, selon nous, un socle de valeurs communes respectées par chacun.e. Le racisme et les différentes formes de discriminations doivent être dénoncées, mais si nous voulons assurer la cohésion sociale entre chacun.e, il faut que dans la pratique, la diversité n’induise pas de différence de traitement, dans un sens comme dans l’autre.

Le MR considère que réussir l’intégration ne se résume pas à additionner les différences, mais bien à construire un projet de société fondé sur un corpus de valeurs communes.

Comme le soulignait Jacques Simonet : « Il faut que les gens s’intègrent dans la société, où ils ont droit à la différence mais pas à la différence des droits »

La neutralité des pouvoirs publics est en effet un principe constitutionnel lié à l’interdiction de discrimination en général et au principe d’égalité des usager.e.s du service public en particulier. Dans un Etat de droit démocratique, l’autorité se doit d’être neutre, parce qu’elle est l’autorité de tous les citoyens et toutes les citoyennes et pour tous les citoyen.ne.s; qu’elle doit, en principe, les traiter de manière égale sans discrimination basée sur leur religion, leur conviction ou leur préférence pour une communauté ou un parti.

Partant du constat que l’ex-coprésidente d’Ecolo ait considéré comme « victoire personnelle qu’elle savoure » [je cite]  cette décision d’autoriser le port du voile dans les établissements du supérieur, certains membres Ecolo espèrent qu’il s’agit d’un premier pas.

Nous rappelons, qu’on voit que dans certaines écoles, le voilement de fillettes apparaît de plus en plus, il faut rappeler que l’école doit rester ce lieu d’apprentissagequi protège de toutes les influences précoces, y compris familiales. C’est une garantie de liberté. C’est le moment où l’on se choisit, et donc, par définition, celui où l’on n’a pas encore choisi ce que l’on sera. En théorie, l’école permet d’acquérir les moyens de l’esprit critique et donne les instruments de ce choix. Il s’agit, dans les établissements scolaires, de l’intégration des individus  et non des communautés, ce qui à priori requiert une neutralité de l’ensemble de la communauté scolaire. L’école n’est-elle pas le lieu par excellence ou l’enfant apprend ce que sont les limites au sein d’une société, les valeurs communes et la lutte contre tous les extrémismes ? Le lieu où ils apprennent à partager et  vivre ensemble, simplement.

Nous soutenons avec conviction le modèle de l’interculturalisme, ( à l’opposé du multiculturalisme) qui présuppose l’égalité des droits et des devoirs. Un modèle qui fait prévaloir l’individu sur ses attaches culturelles, philosophiques ou religieuses et réaffirme le postulat des Lumières selon lequel ce n’est pas la société qui lui confère les droits fondamentaux : c’est la qualité d’être humain qui l’en dote naturellement.

Ce modèle postule également qu’une société ne peut se construire et favoriser au mieux l’intégration de toutes et tous que si les citoyen.ne.s partagent un patrimoine commun de valeurs fondamentales, telles que le droit à la vie, la liberté de conscience, la démocratie, l’égalité de l’homme et de la femme ou encore la séparation des Eglises et de l’Etat. [1]. La personnse n’est pas considérée uniquement comme le produit de sa culture, et du groupe, c’est la relation à l’autre qui prime, pas sa culture.

Ces valeurs s’imposent à tout Etat qui ambitionne l’émancipation de l’ensemble de ses membres. Elles sont notamment scellées dans la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Humains et des libertés fondamentales, et dans ses Protocoles additionnels. Il revient à l’Etat de s’imposer comme le premier garant de ces valeurs et de les promouvoir.

Soyez assuré.e.s, Mesdames et Messieurs les ministres, que nous veillerons attentivement au respect des principes  démocratiques, dont l’égalité femmes/hommes et la neutralité de l’Etat, et de nos valeurs par ce Gouvernement.

Veillez, à votre tour, à ce que les politiques menées par votre Gouvernement soient le reflet de l’intérêt de notre société, pour toutes et tous.

Je vous remercie.

Viviane Teitelbaum

[1]Proposition du MR

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