Bloc-notes

La commission sur le statut de la femme à l’ONU gagne contre l’alliance des religieux et conservateurs !

onu-reduitLe Vatican, l’Iran et la Russie, aidés de plusieurs autres pays (Egypte, Libye, Syrie..), ont dirigé un front contre l’adoption de conclusions de la Commission sur le Statut de la Femme des Nations unies à New York. Enfin, malgré des tensions fortes et les tentatives répétées de ces pays, ils n’ont pas pu bloquer le processus une deuxième année ! Un consensus a pu se mettre en place. Les représentants des 190 gouvernements à la commission de l’ONU, à New York, ont adopté vendredi soir une déclaration sur « l’élimination et la prévention de toutes les formes de violence faites aux femmes et aux filles ».

En assistant aux travaux, j’ai été personnellement choquée – mais pas surprise – d’entendre les représentants du Vatican et de ces Etats conservateurs et/ou religieux tenir un discours rétrograde et pénalisant à l’égard des femmes, des violences faites aux femmes et essayant de revenir en arrière sur la terminologie et les accords déjà conclus depuis Pékin en matière d’égalité hommes- femmes.

Je rappelle que les violences envers les femmes affectent les femmes partout dans le monde : une femme sur trois est violée ou battue au cours de sa vie, soit un milliard de femmes. 140 millions de femmes sont victimes de mutilations génitales. Des millions de femmes sont violées, battues, lapidées, agressées, victimes de traite, forcées dans des mariages précoces. En Europe, sept femmes meurent chaque jour de violences conjugales. A l’échelle de la Belgique en 2011, plus de huit viols par jour ont été enregistrés.
Et cela continuera si les gouvernements ne mettent pas en place des mesures contraignantes. L’idée véhiculée par l’Iran, le Vatican ou la Russie, mais bien d’autres états encore, selon laquelle les pratiques « culturelles ou religieuses » peuvent servir d’excuse à la violence, est totalement inacceptable !

J’ai participé à des rencontres avec des femmes égyptiennes, tunisiennes, marocaines qui racontaient les expériences traumatisantes de ces régimes à l’encontre des femmes. Témoignant, comment en Egypte la révolution a fait place au terrorisme sexuel organisé dans les rues du Caire. Comment rester indifférente à leur appel à l’aide pour condamner cette constitution qui condamne leur liberté ?
Car pour elles islamisme veut dire ségrégation. Point. Comment ne pas réagir quand ces femmes tunisiennes nous expliquent que le « printemps » a fait place à un « hiver glacial » dans ce pays où les mariages coutumiers pour les jeunes filles ont refait surface ? Où on voile les gamines de 4 et 5 ans et où de nouvelles formes de violences ont vu le jour depuis la révolution ?
La dictature ne protège pas de l’islamisme, ce n’est pas un rempart contre lui, au contraire elle permet d’en préparer les fondements, expliquent-elles ! Comment ne pas être sensible au témoignage de ces femmes marocaines, qui luttent contre l’hypocrisie car malgré les apparences elles ne sont pas protégées, plaident-elles, par la constitution existante. Elles aussi veulent notre aide.

C’est précisément pour toutes ces femmes qui souffrent ou sont discriminées de par le monde qu’il faut faire progresser l’égalité femmes-hommes.

Les droits des femmes ne peuvent être remis en question par les conservateurs et les religieux. Les femmes et les filles victimes de violences doivent être protégées, que ce soit en matière de santé sexuelle et reproductive (droit au choix pour l’avortement), d’orientation sexuelle, ou contre les pratiques nocives, traditionnelles, qui se perpétuent encore trop souvent.

Le mandat de la Commission sur le Statut de la Femme est d’assurer la pleine application des accords internationaux sur les droits des femmes et l’égalité des sexes. Les tentatives de certains états de valider les pratiques traditionnelles, culturelles ou religieuses comme une excuse ou une nécessité et d’ainsi porter atteinte aux libertés et acquis des femmes et donc de la démocratie ont échoué. Réjouissons –nous, car comment envisager l’avenir autrement ?

2 commentaires

  • Rochus Albert

    J’ai lu avec intérêt votre pensum concernant ce vote à l’ONU relatif aux violences faites aux femmes dans le monde.
    Il est d’ailleurs curieux et édifiant de constater que l’intronisation du nouveau pape nous a valu de très nombreuses pages entières dans toute la presse alors que ce vote est passé dans la plus totale discrétion et mépris.
    Tout comme d’ailleurs la journée contre les mutilations génitales.
    Mais , je vous trouverais plus crédible si vous dénonciez aussi les violences faites aux femmes par la religion juive (cfr par exemple « jamais vous n’aurez mon fils » par Isabelle Neulinger)
    Toutes les religions sont mortifères pour la femme.

  • Viviane Teiltelbaum

    J’ai toujours critiqué les discriminations faites aux femmes dans toutes les religions; y compris dans le Judaïsme. J’ai participé à des débats et des conférences en ce sens. Je reste donc crédible 🙂 toutefois à l’ONU heureusement il n’y a pas de rabbins pour contrer l’émancipation des femmes ou refuser de faire progresser leurs droits. Jusqu’à présent il y a le Vatican et les Islamistes. C’est un fait.

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