Simone Veil, une inspiration féministe
Mon discours à l’allumage de la 8è bougie à la Commission européenne, en présence du commissaire européen, Pierre Moscovici, de Anne-Marie Revcolevschi et organisé par le EJCC.
Il y a des personnes auxquelles on aimerait ressembler, qu’on admire et dont on s’inspire. Elles ne sont pas nombreuses. Pour la féministe que je suis, pour la femme qui lutte pour les valeurs démocratiques que je suis, et pour la femme politique que je suis, Simone Veil est de celles-là.
La loi Veil de 1975 légalisant l’IVG défendue avec courage et toujours d’actualité, en Europe, a été un vrai bouleversement dans l’histoire des droits des femmes. Un tournant.
Je l’ai admirée, je l’ai rencontrée à plusieurs reprises, j’ai salué ses engagements, ses combats. Notre dernière rencontre date d’une visite à Auschwitz, il y a quelques années, où sa dignité et ses mots justes m’ont permis de marcher dans ces ténèbres, où elle a survécu, telle une étoile dans la nuit noire.
Son courage et sa détermination, en particulier contre les extrémismes et les droits des femmes m’inspirent chaque jour.
Car Simone Veil s’est notamment illustrée en faisant voter en 1974 la loi portant son nom sur l’IVG. Elle était alors ministre de la Santé sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing. Inscrire dans la loi que l’IVG est un droit, une décision qui appartient aux seules femmes était une étape fondamentale pour l’égalité femmes-hommes.
Elle a dû mener un véritable combat pour faire voter cette loi. A cette époque, le milieu de la santé y était fortement opposé. Féministe convaincue, après avoir consulté l’Eglise de France, les médecins et différentes corporations, Simone Veil est parvenue à faire accepter l’idée que l’on puisse se faire avorter légalement en France. Le texte de loi a été voté le 29 novembre 1974 par 284 voix contre189.
Son difficile combat pour faire adopter cette loi -contre une partie de la droite- a fait d’elle, pour longtemps, la personnalité politique la plus populaire de France.
Lors de débats autour de la loi en 1974, elle ne s’est jamais pas laissée intimider malgré les attaques sexistes et antisémites dont elle a fait l’objet de la part de ses collègues députés. Chose que j’ai aussi connu au Parlement, et que je connais aujourd’hui sur les réseaux sociaux.
Elle a résisté, et quand elle a déclaré, moment inoubliable, « qu’aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement » mais qu’il est essentiel qu’elles puissent disposer de leur propre corps, elle a contribué à la construction d’une législation qui respecte les droits fondamentaux mais elle a également pris position en faveur des femmes de manière poignante. Grâce à elle, des millions d’entre elles ont eu et ont toujours accès aujourd’hui à des structures qui existent pour les les accompagner dans cette démarche difficile.
Elle n’a jamais lâché prise. C’est ce que j’aimais chez elle. C’est ce qui m’inspire dans des dossiers difficiles aujourd’hui. Elle reste pour nous toutes et tous le symbole de liberté, de courage et d’espoir. En ce dernier jour de Hanouka, elle nous rappelle combien la lumière de combats justes peut faire vaciller les ténèbres.
Cette force de conviction m’accompagne au quotidien.
Merci Madame.
pour écouter mon discours ( prononcé en anglais) https://www.facebook.com/mselmi.manel/videos/10213287613159145/?qsefr=1