Propagande pro-Dieudonné à l’ULB, LE GRAND SILENCE DE LA GAUCHE, par Claude Demelenne

J’accueille sur mon blog avec amitié et plaisir, le très bon texte que le journaliste Claude DEMELENNE a rédigé suite aux événements graves qui se sont déroulés à l’ULB.
claude-demelenne

Propagande pro-Dieudonné à l’ULB
LE GRAND SILENCE DE LA GAUCHE

L’amphithéâtre Paul-Emile Janson de l’ULB a été lé théâtre, ce 20 septembre 2010, d’un débat haineux qui devrait inquiéter tous les démocrates.
Parler d’un « débat » est, selon moi, trompeur. Il s’agissait d’une soirée de propagande en faveur de Dieudonné, un Jean-Marie Le Pen au cube.
Lorsque le Cercle du Libre Examen (Librex) de l’ULB décide d’introduire sa conférence de rentrée sur le thème de la liberté d’expression, par la projection d’un documentaire à la gloire de Dieudonné, il confond « libre examen » et complaisance envers des idées nauséabondes. « L’humoriste » et homme politique Dieudonné (il a été candidat aux élections européennes sur une liste « antisioniste ») a été plusieurs fois condamné par la justice française pour ses propos sur les Juifs et la mémoire de la Shoah. Dans une vidéo récente, Dieudonné traite les Juifs de « chiens ». Olivier Mukuna, le réalisateur du documentaire projeté à l’ULB, est le porte-voix de Dieudonné en Belgique, qu’il présente comme « un véritable républicain ».
A la tribune et dans la salle, les fans de Dieudonné ont étalé leur haine du Juif, comme l’a expliqué, ce jeudi, dans le Soir, Maurice Sosnowski, président du Comité de coordination des organisations juives de Belgique.
Ce qui m’interpelle, c’est le grand silence de la gauche, quand la haine du Juif se développe ainsi à l’ULB.
La gauche, notamment bruxelloise, était jadis au premier rang dans la lutte contre l’antisémitisme. Cela ne semble, hélas, plus être le cas aujourd’hui. Une partie de cette gauche fait preuve d’une grande indulgence envers ceux qui diabolisent le sionisme, Israël et tous les démocrates défendant le droit de cet Etat à se défendre face aux fanatiques du Hamas, qui veulent le rayer de la carte.
La gauche va-t-elle passer sous silence les dérapages antijuifs qui ont eu lieu, ce 20 septembre, à l’ULB ? Va-t-elle réitérer sa faute du 11 janvier 2009, quand elle « oublia » de dénoncer les innombrables dérapages antisémites qui ont émaillé la manifestation pour Gaza, dans les rues de Bruxelles ?
La gauche, ma famille politique, s’égare, lorsqu’elle tolère la parole anti-israélienne et antijuive, sous prétexte de militantisme pro-palestinien unilatéral.
Chers amis de gauche, allez-vous laisser Bruxelles devenir la capitale européenne de l’antisémitisme ?

Claude DEMELENNE
Journaliste-essayiste

8 thoughts on “Propagande pro-Dieudonné à l’ULB, LE GRAND SILENCE DE LA GAUCHE, par Claude Demelenne

  1. Cher Claude,

    De façon générale, tu n’es pas particulièrement tendre avec la gauche, implicitement avec le PS qui en inspire l’orientation politique. Mais peut-on encore parler de politique à son sujet quand on sait que l’unique objectif visé est le maintien au pouvoir, quels qu’en soient le prix à payer et les conséquences ? Les francophones soupçonnent même son cador Elio Di Rupo de les trahir pour exaucer son ambition, LE 16 !

    Cette gauche complaisante, cette islamogauche qui foule au pied les valeurs fondatrices de La Gauche auxquelles beaucoup d’entre nous ont adhéré par idéal, tu lui restes malgré tout fidèle. Tu es surpris, écris-tu, de son grand silence. Au fond de toi, en es-tu réellement étonné sachant que des Galand, De Keyser, Lalieux, Ikazban, Kir, Moureaux, Di Rupo soi-même et nombre d’autres apparatchiks socialistes se rendent publiquement complices de manifestations antisémites, ceux-là même qui fraient avec l’extrême droite turque, voire avec le Hamas ? Le triste spectacle que nous a offert la dépouille du Librex est en fait celui que Bruxelles vit au quotidien !
    Je ne cite pas le cdH ou Ecolo qui ne sont que des annexes aux ordres du PS en échange de quelques mandats mineurs !

    Explique-nous, cher Claude, ton attachement à cette gauche-là !
    MERCI !

  2. Excellent comme toujours, claude demelenne… vous n’avez pas encore de garde du corps ? lol

    Je voudrais savoir si il y avait des gens connus dans l’auditoire de l’ULB, et plus spécialement des gens connus pro-dieudonné…
    Histoire de constituer une petite liste d’amis facebook

    Ah ah.

    Je voudrais aussi savoir quel est l’appartenance partisane de cet obscur vice recteur de l’ULB tellement à cheval sur le libre examen, quel pouvoir il a, et si il est franc-maçon (et quel degré)

    merci les amis… Olivier Swingedau, auderghem

  3. Je précise ma pensée. Grande méfiance à l’égard des réactions à l’emporte-pièce, de l’emphase, de la précipitation à s’emparer de causes au service de sa propre petite notoriété. Je ne me prononce pas sur l’événement, auquel je n’étais pas et dont je n’ai eu, dans la presse et à travers quelques blogs ou posts sur Facebook, que des comptes rendus lacunaires, à partir desquels je ne peux guère me faire un jugement nuancé. La vérité n’est ni de gauche ni de droite : établissons-la avant de prendre position d’un côté ou de l’autre.

  4. Voici la réponse de Claude Demelenne aux propos d’Adi Boruchowitch. Je l’en remercie.

    Cher Adi Boruchowitch,
    Je ne suis, hélas, pas surpris par le grand silence de la gauche, après cette lamentable soirée. S’agissant du PS bruxellois, je suis sans illusion : Philippe Moureaux y fait régner une discipline de fer, empêchant tout débat. Dès qu’un audacieux (ils se font de plus en plus rares) ose émettre un avis divergent, il est remis à sa place par Moureaux qui lui lance un cinglant : « Alors, toi aussi, tu vires à l’extrême droite ! ». Je reste fidèle à une certaine gauche, mais évidemment pas à celle-là. Comme je l’ai écrit dans un texte publié par le Vif/L’Express, le 4 juin dernier : « Au-delà des divergences – je reste un partisan de l’Etat providence – certains libéraux défendent mieux nos acquis – laïcité, égalité hommes-femmes… – que les ‘progressistes’ convertis à l’islamo-municipalisme ».
    Dans certaines communes bruxelloises, le PS est devenu un parti confessionnel musulman. Ce n’est pas scandaleux. C’est simplement une nouvelle donne, qui doit interpeler les progressistes. Ce qui pose, par contre, problème, ce sont les trois observations suivantes :
    1. Les candidats des mosquées (comme Jamal Ikazban) montent en puissance au sein du PS. Ces candidats sont tout sauf progressistes. Ils sont les premiers à importer chez nous le conflit du Moyen-Orient et sont fort complaisants envers le Hamas islamiste.
    2. La montée de l’antisémitisme, particulièrement dans certains quartiers « immigrés », est niée par le PS tendance Moureaux. Cette gauche-là cultive une logique de victimisation de sa nouvelle clientèle : les musulmans seraient, partout et toujours, « discriminés ». Il faudrait donc « comprendre leur révolte ». D’où la tolérance des islamo-municipalistes pour les graves dérapages qui ont eu lieu lors de la manifestation « pour Gaza » du 11 janvier 2009 ou, lors de la soirée Dieudonné, ce 20 septembre 2010, à l’ULB.
    3. Cette stratégie islamo-municipaliste est électoralement payante. Vu l’évolution de la sociologie bruxelloise, il est à peu près certain que le PS va devenir le premier parti dans la capitale. Beaucoup de socialistes bruxellois (et pas seulement Charles Picqué) ont plus que des états d’âme par rapport à la ligne Moureaux. Mais ils se taisent. A la fois parce que le président à vie du PS bruxellois « tient » ses troupes en fascisant le moindre opposant. Et parce que la ligne Moureaux cartonne aux élections. Les élus et les cadres socialistes se partagent un gâteau de plus en plus copieux. De quoi calmer bien des états d’âme.
    L’après-Moureaux – qui arrivera tôt ou tard – changera-t-il la donne ? C’est possible, mais pas certain. Elio Di Rupo laissera-t-il tout faire ? Il se situe aux antipodes des positions islamo-municipalistes d’une partie du PS bruxellois. Mais, pour l’heure, il a encore besoin de Moureaux. Quand celui-ci aura passé la main, une chose est sûre : les langues vont se délier au sein du PS. J’espère que certains « camarades » sortiront du bois. Sans quoi, il faudra conclure, comme vous l’écrivez dans votre texte, que « le seul objectif visé est le maintien au pouvoir, quel qu’en soit le prix et les conséquences ». Et considérer que ce PS bruxellois-là a définitivement tourné le dos aux valeurs progressistes et laïques. Pour l’heure, prenons garde que Bruxelles ne devienne pas la capitale européenne de l’antisémitisme.
    Bien à vous, et au plaisir de vous lire.

    Claude Demelenne

  5. Réponse à Claude DEMELENNE

    Cher Claude,

    Je te remercie de m’avoir répondu.
    Avant de réagir à ta réponse, très brièvement parce que j’en partage l’essentiel, je voudrais rappeler un autre incident qui m’a fait tressauter à l’époque. À ma connaissance, « ils » nous ont épargné, cette fois-là, les manifestations antisémites, mais le lamentable spectacle offert par les islamogauchistes mandatés pour assister à une conférence fut tout aussi infâme que celui de lundi dernier, 20 septembre.

    Invitée par la dépouille du Librex à parler le 14 mars 2007 de son livre sur le « Choc des préjugés (victimaires et sécuritaires) », Caroline FOUREST a dû faire face à l’hostilité et aux invectives incessantes de partisans hystériques de Tariq Ramadan et de Dieudonné parmi lesquels des Loups gris (possédant sans doute tous la carte passe-droit du « parti »). Aux ordres du QG, au boulevard de l’Empereur, la presse francophone subventionnée ne fut pas plus tendre à son égard.
    Je me sens de plus en plus bruxellois et ULBiste orphelin, et j’en ai la nausée !
    http://www.dailymotion.com/video/x1fzvg_caroline-fourest-presque-entartee_news

    Pour en revenir à ta réponse, je reste un peu sur ma faim.
    Tu écris notamment « Je reste fidèle à une certaine gauche, mais évidemment pas à celle-là ». Nous sommes nombreux dans ce cas, nombreux sont aussi ceux qui, comme moi, l’ont désertée. Mais de quelle autre gauche peut-il s’agir, si ce n’est celle de ton coeur qu’aucun parti ne peut combler ?
    Tu écris aussi « Je reste un partisan de l’État providence ». Là, tu m’étonnes sachant que tu as souvent dénoncé ce PS wallon qui a privilégié, pour de basses raisons électoralistes, les allocations aux emplois, asservissant ainsi (et fidélisant bien sûr) des centaines de milliers, voire des millions d’individus, au prix de la ruine économique de la Wallonie.

    Je comprends fort bien les raisons pour lesquelles le PS ait pu te décevoir sinon te trahir. Je reste cependant perplexe quant à ta véritable identité politique. En fait, je garde toujours le sentiment, permets-moi de te le dire, que tu ne peux, sur le plan idéologique, renier ta famille politique.
    Suis-je dans l’erreur ?

    Avec mes cordiales salutations,
    Adi

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