Antisémitisme ou la justice belge aux abonnés absents…

Ce mardi – en compagnie de plusieurs personnes j’ai pu rencontrer l’envoyé spécial des Etats-Unis, Ira Forman, nommé pour combattre l’antisémitisme.
Car aux Etats Unis c’est une priorité. Peut-on dire la même chose en Europe et en Belgique ? J’en doute.

En 2012, le nombre de signalements d’actes antisémites a augmenté et l’antisémitisme est en hausse en Belgique. Le discours de haine se propage sur Internet, via les forums ou les sites des médias, également sur les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter.

Dans les écoles le phénomène inquiète. Les insultes sont monnaie courante et certains adolescents idéalisent désormais un Mohamed Merah. Pourtant les réponses politiques, médiatiques et judiciaires sont en demi –teintes ou carrément absentes.

Même si une affaire ne peut déboucher sur une plainte elle peut toujours s’accompagner d’une condamnation ou plutôt elle devrait l’être. Malheureusement c’est trop rarement le cas, tant de la part des élus que de la part des journalistes.

Mais dans la récente affaire d’Océane Sluijzer, même la justice est aux abonnés absents ! En effet, il y a quelques jours, le Procureur du Roi a décidé de classer sans suite. C’est à dire qu’il a décidé de ne pas poursuivre et ne permet donc pas à la justice de se prononcer !

Petit rappel des faits : Océane, treize ans s’est fait passer à tabac par deux filles d’origine marocaine à la sortie du cours de sport fin novembre 2011, à Neder-Over-Heembeek. Après un « ferme ta gueule sale juive et retourne dans ton pays », ou « en plus, ce n’est qu’une sale juive », les deux filles l’attrapent par les cheveux, lui tape la tête sur le genou. Elle est ensuite tabassée … à coups de pied et de poing.

Une déposition a été faite à la police. Ce n’était pas la première fois et Océane continuera d’être la cible de menaces. Elle change d’école et puis poursuit sa scolarité loin de Bruxelles.

Dès lors quel signal envoie-t-on à cette jeunesse ? Un très mauvais signal répond l’avocat de la famille Me Thierry Van Nerom : « Il est bien regrettable que le Procureur du Roi ait classé le dossier sans suite. Dès lors qu’elle clôt le dossier au plan pénal, cette décision rend impossible le débat salutaire qui, à mon sens, aurait dû être noué entre les parties, devant le tribunal de la jeunesse, en présence du Ministère public.
Océane garde le goût amer de l’inachevé et toute la famille Sluijzer s’interroge avec une inquiétude bien légitime sur le message porté par une telle décision qui leur paraît d’autant plus incompréhensible que, bien après les faits de 2011, Océane qui, c’est un comble, a été contrainte de changer d’établissement scolaire, continue de faire l’objet d’attaques antisémites, de brimades et de menaces.
Aux yeux d’Océane, rien ne justifiait que ne soient pas poursuivies les auteures d’agressions physiques, de propos antisémites, de brimades et de menaces qui, comme je viens de le dire, se sont poursuivis après les faits de 2011 et continuent à se produire.
Il reste à Océane et à ses parents la possibilité d’agir au civil et la famille Sluijzer mûrit sa décision en ce sens.
Mais quelle qu’elle soit, la décision qu’ils prendront, n’effacera pas leur sentiment d’une profonde injustice et d’une menace persistante».

Justice n’est donc pas rendue. C’est grave et choquant, car dans cette situation, comme il s’agit de mineurs, la loi est limpide : on ne peut plus se porter partie civile auprès du juge (ce que le MRAX doit savoir, sauf s’il cherche des effets d’annonce !) et on ne peut pas aller au tribunal correctionnel.

Océane et sa famille se trouvent face à un mur d’incompréhension. Moi aussi. Car quelle est la motivation du Procureur pour classer sans suite ? Le fait que les gamines n’aient pas d’antécédent. Si, vous avez bien lu.
Pourtant me direz-vous quand un criminel assassine pour la première fois, il n’a pas d’antécédent non plus, pourtant il sera condamné. On l’espère en tout cas.
Ici la motivation est inaudible pour une famille qui est victime d’insultes et d’agressions à travers leur fille.
Il ne reste donc que la possibilité de plaider au civil, une piste que la famille Sluijzer semble privilégier.

Entre-temps, je ne peux rester indifférente et silencieuse face à cette justice non rendue. Si de tels faits ne méritent même pas de s’y attarder alors que l’antisémitisme se développe aussi dans les milieux scolaires, de quelle démocratie parle-t-on ? Allo ? Non mais allo quoi !

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