Antisémitisme: un manque de positionnement ferme face à la recrudescence
Parce que j’estime qu’il faut mettre fin à la langue de bois, et qu’il faut lutter plus efficacement contre la recrudescence de l’antisémitisme j’ai interpellé une fois encore le Ministre Président suite à la caricature du PAC de Molenbeek. Le ministre Président admet volontiers que « En matière d’antisémitisme, je suis frappé par le fait qu’il se nourrisse de la mondialisation financière et de ses dégâts pour l’assimiler à la communauté juive. Ce discours émane en effet de certains milieux. De manière générale, les conflits déchirent les groupes de la société civile. » Il ajoute, et avoue également: » Que n’autorisons-nous pas au nom de la liberté d’expression ? Au nom du droit de manifester ou encore au nom du relativisme culturel, qui expliquerait certains comportements ? »
Interpellation de Mme Viviane Teitelbaum à M. Charles Picqué, ministre-président du Gouvernement de la Région de Bruxelles-
Capitale, chargé des Pouvoirs locaux, de l’Aménagement du Territoire, des Monuments et Sites, de la Propreté publique et de la Coopération au Développement, concernant « le suivi de la résolution relative à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie dans le cadre de l’actualité récente ».
Ce n’est pas la première fois que je vous interpelle sur la question de l’antisémitisme, malheureusement. Les rapports et statistiques ne sont guère réconfortants, que ce soit pour le pays dans son ensemble ou pour la Région bruxelloise.
Le 20 mai 2005, le parlement régional bruxellois adoptait une résolution relative à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie et enjoignait les gouvernements fédéral, régionaux et communautaires ainsi que les communes, à prendre des mesures et à développer une série d’initiatives visant à rencontrer cet objectif.
Nous leur demandions notamment de se porter garants de la dignité, de la liberté individuelle et des droits égaux pour tous, de combattre toute forme de discrimination et de poursuivre toutes formes de violences physiques ou verbales basées sur 19 critères de discrimination dont la naissance, la prétendue race, le sexe, l’orientation sexuelle, la langue, etc. Nous recommandions aux différentes entités de poursuivre de façon systématique les auteurs d’actes racistes, antisémites et xénophobes et d’optimaliser la coopération judiciaire en vue de lutter plus efficacement contre leur diffusion sur internet où les chiffres sont vraiment alarmants. L’assemblée régionale prescrivait également la condamnation et la poursuite de toute expression de révisionnisme ou de négationnisme.
Un volet préventif était également développé avec, entre autres, la demande de promotion d’une politique d’égalité des chances en matière d’emploi et de logement et l’organisation de formations à destination du personnel engagé dans le cadre des Contrats de sécurité et de prévention. Que ce soit vis-à-vis des instituteurs, par exemple, par rapport au négationnisme relatif à la Shoah ou aux génocides des Arméniens ou des Tutsis. Il s’agissait notamment de les doter d’arguments forts lorsqu’ils sont confrontés à des discriminations ou à des réflexions racistes, par exemple concernant l’histoire de l’immigration dans notre pays. L’ignorance de cette histoire débouche malheureusement souvent sur des discriminations ou des comportements racistes anti-arabes ou anti-musulmans.
Un aspect particulièrement important de la prévention est la sensibilisation des jeunes aux phénomènes du racisme et de l’antisémitisme au travers de projets et d’activités ludiques dans les écoles, les associations, les centres sportifs et les autres lieux d’échanges. Cette proposition invite à poursuivre toutes formes de violences physiques ou verbales basées sur les critères que j’ai énumérés et de sanctionner de façon systématique les auteurs d’actes racistes.
Elle demande également de condamner toute tentative de récupération visant à l’incitation à la haine des événements géopolitiques au Moyen-Orient en mots ou en actes contre les musulmans ou les Juifs à Bruxelles.
La proposition inclut aussi de mettre en œuvre, dans le cadre de la politique de cohésion sociale, tous les moyens nécessaires aux dialogues intercommunautaire et interculturel, ainsi qu’à l’information des citoyens quant à l’évolution, aux dangers et aux conséquences de la recrudescence de ces différentes formes de racisme.
Enfin, elle préconise d’appuyer les projets dont l’objectif est de déconstruire les préjugés racistes au sein des écoles, des associations, des centres et de tout autre lieu d’échange.
Je vous ai interpellé à plusieurs reprises sur l’antisémitisme dans les matchs de football, dans les écoles, lors de manifestations et même, récemment, concernant l’étude intitulée « Jong in Brussel ».
Cet antisémitisme émane de beaucoup de milieux extrémistes fort variés. Plus récemment encore, une autre étude faite à la demande du gouvernement, avait fait état de chiffres alarmants, en particulier auprès des élèves de confession musulmane.
Il convient donc absolument de se pencher sur la question de la mise en place de cours qui permettraient d’échanger et d’apprendre de l’autre.
Ceux-ci remplaceraient ces cours de religion, actuellement dommageables parce qu’ils enferment et ne permettent pas d’aller à la rencontre de l’autre.
Il y a quelques années vous m’aviez répondu : « Des invectives racistes prônant notamment la « mort aux Juifs » sont inacceptables. Il existe pour moi une ligne rouge, dont le passage ne doit jamais être accepté ou banalisé. Cette ligne est celle marquée par le racisme et l’antisémitisme, et bien entendu, par l’appel à la haine et à la violence. Je pense pouvoir vous dire, au nom de tout le gouvernement bruxellois, que le principe à l’égard de tels comportements est et restera celui de la tolérance zéro. »
Il nous faut déplorer le fait que cette tolérance zéro n’est pas d’actualité, et ce, vis-à-vis d’aucune forme de racisme. Vous aviez cité une série d’outils relatifs à l’École régionale d’administration publique (ERAP) ou au Centre bruxellois d’action interculturelle (CBAI), qui sont des partenaires de la Région en ce qui concerne les programmes de cohésion.
De boodschappen die jongeren met elkaar delen op desociale media, YouTube, Facebook en dergelijke meer, zijn om te huilen. De Brusselse jongeren gaan heel ver in hun discours, ook jegens de joodse gemeenschap. De vraag van de heer Riguelle om het fenomeen te meten, is terecht. We moeten dat doen maar heel precies gaan we het fenomeen nooit kunnen omschrijven. Mensen die in Brussel leven, merken wel dat de situatie verergert, mede door de situatie in Syrië. Niet alleen in gewone cafés wordt het discours grimmiger maar evengoed in de jeugdbeweging en spijtig genoeg ook in sommige lokalen die men moskeeën noemt, maar die men van mij mag sluiten als men hoort wat sommige imams er prediken. Ik vind dat heel erg. Ik ben zelf moslim. Ik bid vijf keer per dag en ga regelmatig naar de moskee. Ik heb het huidige discours nog nooit in onze moskeeën gehoord. Ik heb altijd gehoord dat de joodse en de moslim gemeenschap samen hebben geleefd.
Het moet echter worden gezegd dat een groep mensen in bepaalde wijken een zwaar discours voert, waardoor jongeren te horen krijgen dat zij de besten zijn en de andere de slechte, en dat alle problemen aan de joden te wijten zijn. Een dergelijk discours moeten we aan banden leggen.
Het probleem is dat de media ons nooit de kans geven om een positief verhaal te vertellen. In de media is goed nieuws geen nieuws. Ik geef een voorbeeld.
(poursuivant en français)
Lors d’un débat télévisé à la VRT, une journaliste flamande, soi-disant une des plus brillantes de Flandre, m’a posé la question suivante : M. Ahidar, vous qui êtes musulman pratiquant, pouvez-vous nous dire si quelqu’un prévoit de commettre un attentat à Bruxelles ?
Je lui ai demandé de me poser à nouveau la question, pour me laisser le temps de réagir.
Je lui ai répondu : « Oui, en effet, au rez-de-chaussée de mon immeuble vivent trois gars qui ont l’intention de poser une bombe dans le métro. Mais ne vous inquiétez pas, vous reprendrez tout à l’heure votre voiture pour rentrer chez vous en Flandre. En ce qui me concerne, ce sont peut-être ma mère et ma sœur qui crèveront, car elles prennent le métro tous les jours à Bruxelles. Vous croyez réellement, Madame, que notre communauté laisserait quelqu’un faire un attentat ? Il faut mettre fin à cet état d’esprit.
Le problème est que vous êtes inquiète, et c’est vrai que vous devez l’être, et que nous n’avons rien fait pour vous rassurer. Et que pour vous rassurer, nous avons besoin d’un espace d’expression. Tant que la communauté musulmane sera dénigrée, les problèmes qui pourraient surgir ne seront même pas abordés, car les gens craindront d’en parler. » (verder in het Nederlands)
We durven niet meer te zeggen dat in bepaalde moskeën de imam alleen nog haat predikt. We komen immers alleen nog op een negatieve manier in de media. We moeten de 98% van de moslim gemeenschap die in vrede wil leven, de kans bieden om ook op een positieve manier in de media te komen. Helaas komen we alleen op een negatieve manier onder de aandacht. Dat negatieve verhaal horen we voortdurend. U hebt gelijk, er is een ernstig probleem dat moet worden aangepakt. Als we een sereen debat willen houden, moeten we het probleem aanpakken. Als ik het drugsprobleem in Molenbeek aanpak, dan wil ik niet de Marokkanen pakken maar de drugsdealers. Als ik een probleem heb met de ideologie van het Vlaams Belang, dan heb ik geen probleem met de Belgen, maar met de ideologie van sommige Belgen. Of het nu gaat over islamleerkrachten of godsdienst leerkrachten, wie haat predikt, moet aangepakt worden! Ik heb zelf een klacht ingediend tegen een leerkracht van mijn zoon. Die Belgische vrouw uit Mariakerke bij Gent zei aan mijn zoon, een van onze vijf kinderen: « Alleen moslims gaan naar het paradijs, de rest gaat naar de hel! ». Mijn zoon komt thuis en zegt: « Grootmoeder gaat naar de
hel, mama gaat misschien naar de hel ». Wat zijn datvoor woorden? Moeten we aan dergelijke personen de opvoeding van onze kinderen toevertrouwen?
Op een bepaald moment moeten we ook durven aan de alarmbel te trekken, maar daarvoor moeten jullie ons de ruimte geven om ook wat positief is in de moslimgemeenschap te benadrukken.
.- La parole est à M. Pesztat.
M. Yaron Pesztat
.- On constate effectivement une recrudescence de l’antisémitisme ces dernières années en Belgique et en Région de Bruxelles-Capitale. Il ne faut surtout pas minimiser cette évolution, qui est inquiétante.
Les mesures que nous prenons ne sont pas très efficaces, il faut le constater. Nous devons évidemment continuer à tabler sur la justice pour qu’elle fasse son travail et qu’elle réprime sans concessions, mais je pense que l’essentiel se situe au niveau de l’enseignement. Ce n’est pas une compétence régionale, mais, tant qu’on ne travaillera pas au niveau de l’éducation dès le plus jeune âge, on n’arrivera pas à grand-chose. Il y a trois priorités : l’enseignement, l’enseignement et l’enseignement. Le reste, malheureusement, n’intervient qu’après coup et trop tard. Je ne voulais pas prendre la parole, jusqu’à entendre Mme Teitelbaum, qui m’a poussé à intervenir car un point de son interpellation m’a choqué. Il s’agit de la comparaison qu’elle fait entre la situation actuelle et la période la plus sombre de notre histoire, à savoir l’avant-guerre et l’occupation nazie. Je trouve cette comparaison non seulement hasardeuse, totalement fausse d’un point de vue historique, mais également problématique.
Il faut faire attention quand on tient ce genre de discours, surtout quand on est membre d’une assemblée parlementaire et qu’on a aussi une certaine audience à l’extérieur de cette assemblée. Je ne ferai pas un cours d’Histoire. Mme Teitelbaum est aussi calée que moi en la matière, si pas plus.
Nous savons tous ici que, pendant la période d’avant-guerre et particulièrement pendant la Seconde Guerre mondiale, l’État de droit a été suspendu. Ce n’est pas le cas aujourd’hui.
(Rumeurs) Nous vivons dans un État de droit, même si parfois le droit est difficile à appliquer.
Comparer un régime d’état de droit à un régime totalitaire me paraît dangereux. L’antisémitisme d’État – en Belgique, c’est l’administration qui a
organisé la persécution des Juifs pendant la guerre est inimaginable parce que nous sommes dans un État de droit.
Avant la guerre, l’antisémitisme qui sévissait en Belgique et en Europe n’avait rien à voir avec celui qui sévit aujourd’hui, mais ce n’est pas une raison pour minimiser ce dernier. À l’époque, tout journal pouvait publier des propos antisémites qui, aujourd’hui, tomberaient immédiatement sous le coup de la loi Moureaux. Nous en sommes loin et il ne faut pas comparer des situations très différentes. Pendant l’avant-guerre et la Seconde Guerre mondiale, nous n’étions pas dans un État de droit. La démocratie en Belgique et en Europe considérablement évolué. Les conditions ont changé. Les incidents actuels sont inquiétants, mais je ne perçois pas d’intérêt à comparer l’antisémitisme actuel avec celui des années 30 ou de la période de guerre
.- La parole est à M. Picqué.
M. Charles Picqué, ministre-président
.- Nous abordons régulièrement ce genre de questions. Au fil des années, j’ai été clair quant à l’importancede condamner les actes que vous avez évoqués et je me suis montré pessimiste au sujet de la résurgence de l’antisémitisme, voire même de sa progression.
J’ai également dit combien les conflits identitaires menaçaient la cohésion de notre société. En matière d’antisémitisme, je suis frappé par le fait qu’il se nourrisse de la mondialisation financière et de ses dégâts pour l’assimiler à la communauté juive. Ce discours émane en effet de certains milieux.
De manière générale, les conflits déchirent les groupes de la société civile. On a ainsi parlé des conflits qui peuvent surgir à l’occasion d’actes antisémites.
Nous savons que la xénophobie et le racisme sont assez courants. Je pourrais vous donner de nombreux exemples tirés de mon expérience sur le terrain et vous prouver que la xénophobie est un phénomène de société partagé équitablement par tout un chacun !
Ainsi, à Bruxelles, des communautés qui ne sont pas d’origine juive ou arabe s’affrontent dans certains quartiers. Aidé par d’autres personnes, j’ai récemment dû mettre fin à un conflit très violent entre un groupe de Polonais et un groupe de Portugais, conflit dont l’origine xénophobe était évidente.
Les conflits qui déchirent notre société civile et provoquent ces affrontements entre groupes, rappellent que le vivre-ensemble ne constitue pas seulement un espoir ou une aspiration. C’est également un objectif qui exige l’exercice efficace d’une démocratie capable de concilier justice sociale et autorité. Le vivre-ensemble signifie ainsi, tout à la fois, libertés et contraintes.
Et puis, s’il existe des tensions, n’est-on pas parfois coupable de l’émergence de ces tensions ?
Que n’autorisons-nous pas au nom de la liberté d’expression ? Au nom du droit de manifester ou encore au nom du relativisme culturel, qui expliquerait certains comportements ? Qu’est-ce qu’on n’autorise pas sous la pression du sensationnalisme de certains médias ? Notre société est condamnée à garantir le vivre-ensemble à travers des efforts importants en matière d’amplification de l’éducation citoyenne, en matière de promotion de l’ascenseur social pour certaines populations plus fragilisées. Elle est aussi condamnée à investir dans l’exercice démocratique et juste de l’autorité.
On pourrait longuement discuter et identifier les germes de toutes ces tensions que nous vivons, de même que leurs causes qui sont de nature sociale, culturelle ou autres. Pour réussir le vivre-ensemble, il nous faut faire la synthèse de la promotion de la réussite et de l’émancipation sociale des populations ainsi que s’assurer que l’exercice de l’autorité démocratique est effective. Cela vaut pour toutes les communautés qui sont victimes de discriminations.
Générosité et contraintes imposées sont les mamelles d’une démocratie qui fonctionne, l’une ne sait pas fonctionner sans l’autre. Le tout au répressif n’a aucune chance et la négation même du recours à l’autorité peut mener à une désagrégation du vivre-ensemble et de la filiation sociale.
Que pouvons-nous faire dans le cadre de nos compétences ? J’ai déjà eu l’occasion de rappeler l’éventail des mesures que nous avons prises en lien avec la problématique qui nous occupe.
Cependant, nous ne sommes pas dotés des compétences décisives, sauf peut-être en matière de politique sociale, de rénovation urbaine et de politique d’équipement.
Pour nous attaquer à la désagrégation des quartiers défavorisés, nous avons mené des politiques de discrimination positive en faveur de zones qui étaient, et qui restent parfois encore, de vives sources d’inquiétude.
À titre de bilan personnel, je tiens à souligner que l’investissement dans les quartiers à travers nos politiques sociales, nos politiques d’équipement, nos politiques de logement, a été porteur de résultats. On me demandait dernièrement le fait saillant qui m’a marqué ces dix dernières années dans le monde. Pour moi, il s’agit de la Grande-Bretagne en 2008, dont les villes ont été déchirées par des conflits identitaires. Vous rendez-vous compte que les villes anglaises ont « brûlé » sur fond d’affrontements socio-identitaires ?
En résumé, nous avons un rôle à jouer pour désamorcer, même partiellement et modestement, toutes les sources de conflit, au travers de la politique de la ville. Cette dernière ne se limite pas à l’urbanisme et à l’aménagement du territoire, elle poursuit également un objectif de cohésion sociale.
Ainsi, dans le cadre de nos compétences, nous avons donné à l’École régionale et intercommunale de police (ERIP) la consigne de former les policiers dans ce souci de connaissance de notre terrain interculturel. Nous avons demandé une formation en communication interculturelle par le Centre bruxellois d’action interculturelle et l’École régionale d’administration publique (ERAP).
Nous avons financé un coordinateur attaché au réseau bruxellois des fonctionnaires de prévention.
La Cocof mène des politiques de cohésion sociale. Elle soutient plus de 300 associations de terrain actives en matière de cohésion sociale.
M. Fouad Ahidar – Il faudrait procéder à leur évaluation.
M. Charles Picqué, ministre-président.- C’est exact. Mais, dans ce cadre, le décret de cohésion sociale fait déjà l’objet d’une évaluation par le Centre bruxellois d’action interculturelle (CBAI). On a évoqué lors de ses réunions la mesure dans laquelle les associations développent un objectif qui rencontre les préoccupations d’aujourd’hui. Nous voulions savoir si cette dimension était effectivement prise en compte par les associations.
Excepté une association que je ne citerai pas, je n’ai pas perçu l’absence de cette préoccupation dans le tissu associatif avec lequel nous collaborons.
Au niveau de la Cocof, un protocole de collaboration a été conclu en juin 2012 avec le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme
(CECLR), qui porte sur le traitement des discriminations dans les domaines de compétence de la Cocof et sur la production d’information aux personnes estimant être victimes de discrimination.
Au travers de ce protocole, nous agissons dans le cadre de nos compétences.
Concernant les actes de discrimination, deux plaintes ont été déposées, l’une concernant les transports scolaires et l’autre concernant la politique des personnes handicapées. L’objectif est d’échanger des informations dans le cadre des commissions d’accompagnement des plans de diversité visés par le décret de juillet 2010.
Dans le cadre des plans locaux de prévention et de proximité, la Région rencontre chaque service de prévention communal. Le champ d’action est ici beaucoup plus large que celui qui nous est imparti dans le cadre de la Cocof. Nous avons des rencontres avec les services de prévention communaux où la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et, la xénophobie est évoquée. Ces réunions déboucheront à terme sur un rapport d’évaluation général des plans de prévention et de proximité.
Nous pourrons alors voir comment ils sont évoqués et comment ils sont perçus.
Cela étant dit, c’est à d’autres acteurs, aux compétences plus larges dans ce domaine, qu’il faut faire appel, à savoir le pouvoir fédéral pour la justice et la police, et les Communautés pour l’enseignement.
Nos dispositifs de prévention sur le terrain sont utiles. Les nouveaux métiers de la ville – médiateurs sociaux et scolaires, éducateurs de rue et gardiens de la paix – sont sensibilisés à ces questions et peuvent nous aider à agir pourgarantir le vivre-ensemble. Bien entendu, les discriminations ne sont pas le seul phénomène visé par ces plans de prévention, mais elles y sont intégrées.
Nous sommes en présence d’un fait sociétal important. La Région agit dans le champ de ses compétences et aborde cette question avec les services communaux ; la Cocof intervient aussi, mais de manière plus limitée. La lutte contre la xénophobie, le racisme et l’antisémitisme doit être permanente et intégrée dans les politiques transversales de la ville.
Je n’irai pas plus loin, car cela ouvrirait un débat plus large sur les désordres qui secouent notre monde. Je le répète, je suis partisan d’une autorité généreuse sur le plan social, mais aussi attentive aux dérives susceptibles de déboucher sur des affrontements et sur diverses formes de rejet de l’autre.
.- La parole est à Mme Teitelbaum.
.- Je voudrais vous remercier pour vos réponses, même si je reste un peu sur ma faim. Je ne dirai pas que rien n’est fait, mais je suis dubitative quant aux effets au quotidien des mesures politiques évoquées au niveau de la rue, des écoles et sur la vie des gens. Il faudrait être plus créatif et trouver d’autres chemins. Je pense en tout cas qu’une parole politique forte peut aider. En ce sens, je voudrais remercier mon collègue M. Ahidar, parce que, bien que nous ne soyons généralement pas d’accord, son intervention prouve qu’on peut se parler avec respect.
Mme la présidente
.- C’est vous qui le dites. Moi qui suis une grande observatrice de ce parlement, je sais que vous êtes d’accord sur beaucoup de sujets.
Mme Viviane Teitelbaum
.- Nous sommes en désaccord sur beaucoup de sujets, ce qui n’empêche pas le respect, ni d’être d’accord sur beaucoup d’autres choses, et de discuter de manière positive. C’est une leçon, un exemple des possibilités et options qui s’offrent à nous, en essayant de ne pas minimiser les problèmes qui se posent ni de chercher des échappatoires. Par ailleurs, c’est une attitude très courageuse, qui a parfois des conséquences pour moi et, pour lui, toujours. Je mesure bien la portée de son discours.
Je n’ai pas besoin qu’on me rappelle qu’il ne faut pas comparer la période nazie à une autre et qu’une telle comparaison est déraisonnable.
Cependant, je maintiens que cette caricature de l’asbl Présence et action culturelles (PAC) à Molenbeek est l’exemple de ce que mes parents et mes grands-parents pouvaient voir pendant la période nazie. Affirmer cela, ce n’est pas faire une comparaison, vous vous trompez. Je pense qu’on peut dénoncer quelque chose qui fait penser à cela, sans pour autant comparer les deux périodes, ce que je ne fais jamais.
M. le ministre-président, je n’ai pas bien compris ce que vous avez dit. Il y aurait un accord de coopération avec la Cocof, mais pas avec la Cocom ou la Région ? Au sujet du Plan prévention, les évaluations ne seraient pas en lien avec les discriminations ou les différentes formes de racisme, antisémitisme ou homophobie, mais concerneraient de manière globale les actions dans les rues ? J’entends que vous êtes pessimiste. Ne pensez-vous pas que, parfois, quand certaines choses se passent, il est important que le politique – et unefigure comme la vôtre, en particulier – s’exprime ?
Vous le faites à propos de différentes problématiques de cette Région. Mais vous vous exprimez plus rarement de manière forte à propos de ces sujets-là, en les dénonçant.
Quand vous vous exprimez en commission, vous utilisez un langage complexe, intellectuel, pour vous exprimer. Parfois, il faut utiliser un langageplus direct, il faut parler aux gens, comme vous le faites déjà pour d’autres sujets.
M. Charles Picqué, ministre-président
.- Ce débat n’est pas clos. Il conviendrait, par exemple, d’effectuer une analyse des effets de nos politiques urbaines sur cette problématique.
Il faut dignité et équipement pour tous dans nos quartiers, il faut des politiques d’enseignement et d’insertion professionnelle. Et si j’ai un message à faire passer, c’est celui-ci : notre ville doit être une ville de mixité sociale et de mixité culturelle!
C’est fondamental. Je suis un ardent partisan du brassage des identités sur le plan territorial, dans les quartiers. Il faut que nous parvenions ainsi à faire vivre les gens ensemble et à garantir des politiques sociales de promotion des individus.
Mme Viviane Teitelbaum
.- J’entends bien que le débat n’est pas clos. Nousle reprendrons donc.
– L’incident est clos.
( le 28 avril il s’agit d’un COMPTE RENDU PROVISOIRE – Non encore approuvé par les orateurs)