Stéréotypes sexistes chez Bruxelles -Formation et Actiris!

Mon interpellation à la ministre Céline Fremault, chargée de l’emploi, de l’économie, du commerce extérieur et de la recherche scientifique, concernant « la publicité pour la Journée des Femmes organisée par Actiris le 17 septembre 2013 » en commission du 6/11/2013
Mme Viviane Teitelbaum
Ce 17 septembre a eu lieu la Journée des Femmes organisée par Actiris en vue de faire découvrir aux femmes les formations en logistique.
L’objectif de cette journée était d’autant plus louable qu’il cherchait à attirer des femmes peu diplômées vers des professions généralement prises par des hommes en montrant qu’elles faisaient de la logistique chaque jour sans le savoir. Pour le démontrer, Actiris a mis en scène une femme qui conduit ses enfants, fait les courses pour le barbecue de son mari, et range les provisions dans les armoires. Une image assez stéréotypée de la femme ! On pourrait en rire si cela ne faisait pas pleurer.
Dans l’associatif féminin et féministe, cela a créé un buzz négatif.
Mme Céline Fremault, ministre
.- Au sein de mon cabinet, certaines étaient hystériques.
Mme Viviane Teitelbaum
.- Nous nous en sommes doutés. C’est la première fois que nous avons une ministre féministe dans un gouvernement. Et avec vos compétences, cela fait deux fois plus mal. Les responsables en communication d’Actiris n’ont, semble-t-il, pas trouvé d’autres tâches qu’une femme pouvait accomplir dans la vie de tous les jours et qui demandaient des compétences en logistique. Les femmes se retrouvent donc confinées par une institution publique aux activités ménagères, aux soins aux enfants, et donc à la sphère domestique. La triste réalité est qu’elles s’en occupent deux fois plus que les
hommes (selon les statistiques), je ne dois pas vous le rappeler, mais ce message est déplorable.
Depuis 2011, la Région s’est engagée à intégrer la dimension de genre dans toutes ses politiques, y compris en matière d’emploi. Vous êtes vous-même à l’origine de textes sur l’égalité homme-femme, lorsque vous étiez parlementaire et que vous dénonciez fermement ces stéréotypes sexistes ! Je ne sais pas si Actiris est informée qu’une check-list genre a été publiée, à l’initiative de la chancellerie du
Premier ministre avec le soutien de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, en vue d’aider
les communicateurs à intégrer la dimension de genre au sein de leurs communications. Il faudrait peut-être en informer les communicateurs d’Actiris, leur donner une formation et leur dire que les stéréotypes sexistes appartiennent à une autre époque…
Les responsables en communication d’Actiris reçoivent-ils une formation en communication par rapport à l’égalité hommes-femmes afin de ne pas renforcer les stéréotypes sexistes sur le marché de l’emploi ?
Actiris bénéfice-t-elle de moyens en vue d’intégrer la dimension de genre dans sa politique de
fonctionnement ? Quelles initiatives ont-elles été prises à ce niveau ? Comment avez-vous réagi lorsque vous avez pris connaissance de cette communication ? Quelles mesures avez-vous prises pour que cela ne se reproduise plus ?
M. le président
.- La parole est à Mme Fremault.
.- Permettez-moi tout d’abord d’apporter quelques précisions concernant
votre interpellation. La Journée des Femmes qui s’est tenue le 17 septembre en vue de faire découvrir
aux femmes les formations en logistique a été organisée par Bruxelles Formation, et non par Actiris. Actiris n’a pas développé cette communication et c’est Bruxelles Formation qui en a pris l’initiative.
L’intervention d’Actiris a été limitée à la diffusion d’un message dans un nombre très limité de supports, dont Facebook. Mais vu l’image stéréotypée, Actiris en a immédiatement arrêté la diffusion. Actiris est pleinement consciente de son rôle dans la diffusion de tels messages. C’est la première fois que je suis confrontée à pareil cas. Actiris a toujours veillé au respect de l’approche intégrée de la dimension de genre (gender mainstreaming) dans toutes ses communications. Actiris développe actuellement une nouvelle campagne de communication en veillant à éviter tout cliché
et stéréotype et en favorisant les équilibres. Dans les fonctions et métiers sélectionnés, l’accent est mis sur le respect de la diversité, mais également la mise en situation d’hommes et de femmes dans des métiers extrêmement divers, évitant par là de véhiculer des clichés sexistes.
Actiris comprend un service Guichet de l’information sur la discrimination à l’embauche dont la mission principale est de détecter et de combattre les discriminations à l’embauche. Avec la décentralisation, ce guichet participe également à la sensibilisation sur la question du genre, aussi bien au sein d’Actiris qu’auprès des partenaires liés aux communes.
Avec le soutien du Pacte territorial pour l’emploi, des référents ont été désignés au sein de chaque antenne et ceux-ci ont tous reçu une formation en psychologie sociale ainsi que sur la législation en vigueur. Afin de combiner formation et action concrète sur le terrain, des ateliers, avec les référents désignés sur la base de critères, ont été organisés afin de les sensibiliser tant sur les discriminations actives que passives et dont ils n’avaient pas conscience.
Le guichet a aussi lancé une initiative en concertation avec l’Institut pour l’égalité des femmes et des
hommes, dans la perspective d’une meilleure information sur cette problématique.
La dimension du genre continue d’être intégrée dans le fonctionnement d’Actiris, sans que des budgets
supplémentaires n’aient été récemment alloués. C’est également le rôle du directeur de la diversité, qui ne manque pas de sensibiliser les membres du personnel notamment lors de leur entrée dans l’organisation (…)
Mme Viviane Teitelbaum
.- Si vous avez pris des mesures c’est bien, mais concernant le directeur de la diversité, je voudrais attirer votre attention sur un élément. Hier, au Parlement des femmes, nous avons bien insisté sur la différence entre l’importance du respect de la diversité et du respect de l’égalité hommes-femmes,
qui sont deux choses totalement différentes. Au-delà de la personne de la ministre actuelle, il importe que les administrations prennent conscience du fait que l’égalité hommes-femmes et les droits des femmes concernent 52% de la population, ce qui ne peut pas être assimilé à quelque minorité que ce soit. Il s’agit de deux problématiques très différentes. Le manager de la diversité n’est pas forcément un garant du respect de l’égalité hommes-femmes.

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