pourquoi je ne voterai pas le texte de la majorité sur la Palestine…

Voici pourquoi je ne voterai pas le texte déposé au nom de la majorité par Susskind, Ikazban et consorts…

Mon intervention en commission ce 11 décembre sur la reconnaissance d’un Etat palestinien

Je souhaitais également rajouter quelques éléments à ce qui a déjà été dit par mes collègues.

Aucune histoire, aucun conflit ne commence du jour au lendemain, il s’inscrit dans le temps, évolue. Churchill disait à juste titre « Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur ».

Je voudrais commencer rappeler certains propos de M. Prossor en séance plénière à l’ONU et qui résonnent ici également. Car à l’heure où nous parlons, des Yazidis, des Bahaïs, des Kurdes, des Chrétiens et des Musulmans mais aussi des femmes et des jeunes filles sont exécuté-e-s et chassé-e-s par des radicaux extrémistes. Or combien de résolutions ont été déposées ou ont été adoptées ici pour aborder ces différentes crises ? Dans cette législature, la réponse est zéro. En tout cas votre émoi n’exprime pas sur ces sujets,
pourquoi ?

Lors des législatures précédentes nous avons déposé plusieurs textes de l’opposition et j’avais moi-même déposé entre autres avec mon collègue Fouad Ahidar un texte sur la Syrie, il n’a même pas été pris en considération, ou discuté malgré différents rappels.

Et donc finalement le centre d’attention qu’est devenu le conflit Israélo-palestinien – qui ne me dérange pas en soi- et son obstination sont une injustice pour les victimes de la tyrannie et du terrorisme partout ailleurs et au Moyen Orient. Car sur ce sujet, depuis que je suis députée, plusieurs textes ont déjà été déposés et votés. Quel est le message pour les autres conflits ? Pour les autres victimes ?

Cela fait, 67 ans depuis le 29 novembre 1947, que les Nations Unies ont voté le partage de la terre entre un Etat juif et un Etat arabe. Cette reconnaissance existe donc en fait depuis lors. Les Juifs ont dit oui. Les Arabes ont dit non.

Mais ils ne se sont pas contentés de dire non. L’Egypte, la Jordanie, la Syrie, l’Irak, l’Arabie Saoudite et le Liban se sont lancés dans une guerre pour annihiler l’Etat qui venait de naître. Car en réalité le conflit a toujours porté non pas sur l’établissement d’un Etat de Palestine, mais sur l’existence même d’un Etat juif.

Je rappelle ces faits, car quand on vote unilatéralement pour un Etat palestinien ou unilatéralement pour tout Etat d’ailleurs, on fait fi de l’histoire, des négociations abouties et non abouties, alors que tous les torts ne sont jamais d’un côté; mais par contre on donne à un gouvernement dont le Hamas fait partie, et qui est déclaré organisation terroriste, y compris par l’Union Européenne exactement ce qu’ils veulent : un Etat sans la paix, sans devoir négocier, sans devoir reconnaître l’Etat d’Israël.

Comment justifier cette reconnaissance unilatérale immédiate sans demander de renoncer à la violence, sans demander de renoncer à certains paragraphes antisémites, ou ici carrément destructeurs pour Israël dans leur texte fondateur, tel que celui –ci, pour ne citer qu’un exemple :

« Israël existe et continuera d’exister jusqu’à ce que l’Islam l’efface, tout comme il a effacée d’autres avant lui… Ils [les Juifs] se sont efforcé d’amasser des fond et une grande richesse matérielle qu’ils ont consacré à la réalisation de leur rêve. Avec leur argent, ils ont pris le contrôle des médias dans le monde… Fomenté des révolutions…. Ils étaient derrière la révolution Française, derrière la révolution communiste…. Ils ont été derrière la Seconde guerre mondiale, à travers laquelle ils ont fait des gains financiers énormes avec le commerce en matière d’armements et ouvert la voie à la création de leur Etat ».

Cette reconnaissance unilatérale et immédiate serait une validation de ce discours et ne serait pas sans conséquences sur l’expression de l’antisémitisme en Europe. Comment d’ailleurs justifier que l’on combat l’Etat Islamique mais que l’on reconnaît un gouvernement qualifié de « terroriste » à quelques km de là ?

Vous êtes en train d’envoyer le message que l’Autorité Palestinienne peut siéger dans un gouvernement avec des terroristes et inciter à la violence contre Israël, et cela, sans n’avoir rien à donner en contrepartie.

Une déclaration unilatérale ne résout jamais les problèmes.

Je rappellerai qu’en 2012 M. Gosuin a dit que l’État palestinien et l’État d’Israël doivent avoir la maturité pour négocier tous éléments pratiques, leur permettant de vivre en bon voisinage.

Dès lors, le groupe MR ne peut être d’accord avec le texte déposé par la majorité, mais propose une reconnaissance d’un Etat palestinien au moment qui sera jugé opportun, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Et en fonction des éléments suivants :

– pour appuyer un processus de paix, négocié entre les deux parties,

– Respectant les aspirations de paix mais aussi de sécurité,

– Et lorsqu’un gouvernement palestinien aura pleine autorité sur l’ensemble du territoire palestinien, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui vu qu’une organisation terroriste déclarant officiellement qu’il veut la destruction de son voisin fait partie du gouvernement.

Une reconnaissance telle que proposée par la majorité va à l’encontre de tout bon sens et prend des risques inutiles. En 2012 M. Mahmoud Abbas le dit lui-même : « même si l’on se dirige vers la déclaration unilatérale, je préfère les négociations ».

Rien ne remplace les négociations vous le dites vous-mêmes dans d’autres contextes. Pourquoi ce régime d’exception ? Parce que c’est Israël de l’autre côté ? Je le pense.

Nous avons donc déposé un texte qui tiennent compte de ces paramètres tout en réaffirmant la question principielle : oui à deux Etats vivant côte à côte en paix et en sécurité.

Un proverbe juif dit : « la Sagesse vaut mieux que la force », je vous y invite.

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