Israël – Palestine: il faut la reconnaissance mutuelle en préalable

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Voici mon intervention en séance plénière sur la résolution relative à la reconnaissance unilatérale de l’État palestinien en septembre 2011. Je n’ai pas voté le texte. Je me suis abstenue car je crois à la négociation et pas à la politique des faits accomplis. Ce sont véritablement les négociations politiques qui permettront d’avancer.

Comme en commission, je tiens à saluer le climat dans lequel a été débattu ce texte. Il est des sujets sur lesquels il est difficile de s’exprimer à la tribune et je suis heureuse de pouvoir le faire pour la première fois sur ce sujet sans être huée. C’est même un plaisir.
Je m’appelle Teitelbaum, mais je demanderais à mon collègue M. Hutchinson de ne pas m’assigner à résidence identitaire malgré mon nom. En effet, ce n’est pas mon approche.
Outre le climat, je salue aussi le texte issu du débat, à mon sens meilleur que celui du Sénat. Je pense qu’il faut défendre des valeurs et non des électorats. Avec ce texte un effort a été fait dans ce sens. Répondre positivement à notre demande d’amendements participait de cette démarche et je tiens à saluer le fait.
Je ne suis pas dans l’émotion, M. Mouhssin, car je peux en parler très calmement. Je vis en Belgique, je suis citoyenne belge ; nous devons pouvoir parler de tout, calmement.

En commission, ce midi, je me suis abstenue. Je vous explique pourquoi: le texte comporte des améliorations mais nous devons vivre avec le fait qu’il y a différentes parties dans un texte comme celui-ci, dont certaines ne peuvent être modifiées. J’aurais pu participer à son élaboration, et cela aurait été différent mais tout est allé très vite.
Ce matin, nous avons entamé une discussion de groupe sur un texte qui ne correspondait pas au texte présenté la majorité; nous nous en sommes aperçus une heure avant le début de la discussion.
Ce texte comporte plusieurs raccourcis : par exemple, dans les développements : l’Histoire n’a pas commencé il y a un an. Il n’y a pas de contextualisation. Ce qui est positif, c’est qu’il a été élagué, même si le narratif reste inchangé.
Le message important est d’admettre la création d’un État palestinien à côté d’un État juif, comme le prévoyait le plan de partage en 1947. Ces deux États doivent vivre côte à côte, dans la paix et la sécurité, mais il est important que l’issue se trouve dans la négociation. On considère que la création d’un État, par exemple même d’un État flamand, doit être négociée. Une déclaration unilatérale ne résout pas les problèmes.

Quant aux frontières, je relèverai l’intervention de M. Gosuin : il a dit que l’État palestinien et l’État d’Israël doivent avoir la maturité pour négocier leurs frontières tout comme les autres éléments pratiques leur permettant de vivre en bon voisinage. Cela ne doit pas être imposé d’ici.
De fait, trop d’enfants, de femmes et d’hommes meurent tous les jours. Pourtant tout le monde a le droit de vivre sur sa terre, de manière indépendante et confortable.
Mon regret principal est le manque de contextualisation. Il convient de tenir compte systématiquement, à travers tous les textes, des deux narratifs si l’on veut amener une solution, à travers un rapprochement. C’est en cela que nous avons un rôle à jouer.
Je vous remercie d’avoir supprimé le considérant sur Oslo, vu la manière dont il était rédigé. À un moment, j’ai vraiment cru en Oslo. Passionnément. Il s’agissait d’un moment historique, où nous avons pu croire en la reconnaissance de l’un et de l’autre, de l’un par l’autre : reconnaissance de l’État palestinien et, en contrepartie, une vie en sécurité pour Israël à l’intérieur de frontières sûres et reconnues. Le moment était important.
À ce moment, Yasser Arafat a déclaré qu’il fallait modifier la charte. Il l’a même écrit à Yitzhak Rabin. Cependant, la charte n’a pas été modifiée et les espoirs sont morts. La charte palestinienne du Fatah nie toujours à Israël le droit d’exister ; la charte du Hamas aussi.
Que vous ayez accepté d’inverser les deux premiers paragraphes dans le dispositif est important. Cette reconnaissance mutuelle constitue un préalable : les deux États doivent coexister l’un à côté de l’autre.
C’est vrai aussi pour le Hamas, même si nous avons par ailleurs des extrémismes de part et d’autre. Il s’agit bien d’un conflit dont il est important de sortir sans vouloir dénigrer les agissements de l’un ou l’autre camp. Ce n’est pas le but. Je voulais simplement attirer l’attention sur la manière dont le texte était amené : l’important est la reconnaissance mutuelle en préalable.
Très sincèrement, je pense qu’à ce moment-là, on aura tout gagné. Je ne pense pas que c’est la déclaration unilatérale qui permettra de remplacer cette négociation. D’ailleurs, M. Mahmoud Abbas le dit lui-même : même si l’on se dirige vers la déclaration unilatérale, je préfère les négociations.
Il faut pouvoir entendre ce message aussi. C’est une réalité, et le fait de s’asseoir autour de la table pour négocier est très important.
Comme je l’ai dit et ainsi que l’a également rappelé Mme Olivia P’tito, quand on parle du réveil démocratique du monde arabe, il est exact que l’on nourrit un espoir fou. Cependant, le premier point mis à l’ordre du jour par la haute instance en Tunisie dans le domaine de la politique internationale est le refus de normaliser les relations avec Israël. C’est dommage, mais il faut en tenir compte. Je suis toute prête à rêver avec vous et je veux croire à cet espoir fou d’assister à ce réveil démocratique du monde arabe. Croyons-y ensemble. Cependant, de là à affirmer que c’est ce qui va tout résoudre… Non. Gardons les pieds sur terre.

Pour conclure, nous sommes évidemment d’accord avec la création d’un État palestinien. Dans ce cadre, je m’abstiendrai et je ne voterai pas contre cette résolution. Quant à l’opportunité de la déclaration unilatérale, nous sommes quelques-uns à être un peu plus sceptiques. Pour moi, ce sont véritablement les négociations politiques qui permettront d’avancer, que cela soit ici, en Belgique, concernant notamment BHV, ou là-bas.
Ceci dit, faisons preuve de modestie, car nous-mêmes avons nos propres dossiers épineux à régler, comme la question de Bruxelles, plutôt que Jérusalem ou de la périphérie bruxelloise, plutôt que la question des réfugiés. Ne pensons pas que les questions entre Israël et les Palestiniens soient simples à résoudre parce que nous les appréhendons depuis Bruxelles.
Faire preuve de modestie est important dans ce contexte. La modestie est un peu la ligne Maginot des responsables politiques. Je veux la préserver, tout en y croyant. Je m’abstiens donc quant à la proposition de résolution, mais ne m’abstiens pas à croire à la paix au Moyen-Orient.

3 thoughts on “Israël – Palestine: il faut la reconnaissance mutuelle en préalable

  1. La Belgique est devenue championne du monde de la cause Palestinienne envoyant même un ex-sénateur commandant de flottille.Par contre , aucunes déclarations ni réactions aux exactions libyennes, syriennes et iraniennes.
    Le snobisme antisioniste-sémite est à son paroxysme.Mr Brotchi a du démissionner pour éveiller les consciences sur l’antisionisme-sémitisme de L’ULB; moi Vivianne je ne me serais pas abstenu, j’aurais voté contre car l’abstention te ramollit et ne fait qu’encourager leurs actions partiales

  2. Cher Claude,
    Je ne suis pas d’accord avec toi. As tu lu la proposition? J’ai obtenu que la reconnaissance réciproque figure en premier. Si la reconnaissance réciproque est un préalable, je ne vois pas pourquoi je voterais contre. J’ai expliqué mon abstention. Et je trouve que ce texte n’aurait même pas du être présenté au Parlement bruxellois, ce n’est pas dans les compétences régionales, réglons d’abord Bruxelles! Mais à partir du moment où la majorité la prend en considération je ne vais pas me taire. Et accepter le texte tel quel.
    Je suis une citoyenne belge, juive, soutenant un processus de paix, dans la négociation. Hors terrorisme, je l’ai dit aussi.
    Ici il me semble peu modeste de vouloir résoudre Jérusalem quand on ne sait pas résoudre Bruxelles! Ou le problèmes des réfugiés quand on ne sait pas résoudre la périphérie… Quand les Flamands veulent la scission unilatérale de BHV on a raison de la refuser, pourquoi accepter dès lors le même procédé ailleurs. Parce que c’est loin? C’est cela le sens de mon intervention et de mon abstention. Que par ailleurs cette déclaration unilatérale ne résoudra rien du tout. Et que tout le monde le sait. Que donc il faut négocier, à la place d’une déclaration unilatérale. Si on est pas deux pas de négociations et donc pas d’Etat palestinien… comme ça.
    C’est pour cela aussi que je parle d’Etat juif, histoire de bien ancrer les choses! Mais je ne suis pas Avigdor Lieberman et je suis pour un Etat Palestinien à côté d’Israël, s’il respecte l’Etat juif d’Israël dans des frontières sûres et reconnues; Et ce n’est pas à Bruxelles de les définir. Je l’ai dit cela aussi.
    J’espère que cela éclaircit mon intervention en urgence au pied levé et surtout que cela explique ma démarche.

  3. Madame Teitelbaum,

    Vous êtes une douce rêveuse et je vous cite  » je suis pour un état palestinien S’IL RESPECTE L’ETAT JUIF »
    Avez-vous déjà vu des arabes respecter des Juifs?? Nonsense
    Et puis l’état palestinien et le soi-disant peuple palestinien dont personne ne parlait avant 1967 çà n’existe pas Même leurs soi-disants frères arabes n’en veulent pas alors ne soyons pas plus catho que le pape n’est-ce pas??

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