Ce lundi en commission des finances et des affaires générales du parlement bruxellois, je suis intervenue dans une interpellation du député socialiste Jamal Ikazban à la Secrétaire d’Etat, Bianca De Baets, concernant « la persistance du problème de l’antisémitisme ». L’interpellation en soi n’appelle aucun commentaire. Je suis d’ailleurs intervenue sur le fond car depuis 2005 lors du vote de plusieurs résolutions peu de choses ont été faites.
J’ai toutefois dû rappeler au député J. Ikazban que l’antisémitisme n’est plus le seul fait de l’extrême droite ou de certains milieux chrétiens, mais qu’il l’est aussi d’une certaine gauche, de l’extrême gauche et de certains musulmans. Car il faut tout dire.
Mais si l’interpellation ne posait pas de problème, c’est l’interpellant qui m’a étonnée. En effet, surprenant de la part de celui qui était chef de groupe PS à Molenbeek lors de la production de l’illustration négationniste et caricaturale utilisée pour faire la promotion d’un débat en 2013 de la section de Molenbeek sur le sionisme. Qui s’est ému par contre en début d’interpellation du fait que le philosophe français Alain Finkielkraut se fasse insulter de « sioniste de merde » (je tiens à lui réitérer tout mon soutien), alors que J. Ikazban avait lui traité Claude Moniquet d’ « ordure sioniste »; qu’il a participé à des manifestations où des slogans « morts aux juifs » étaient affichés sur des panneaux sans qu’il ne réagisse et qui récemment a fait le signe de ralliement des frères musulmans, est particulièrement peu crédible en ce qui me concerne.
Tout cela dans un contexte délétère. En France l’antisémitisme s’exprime à visage découvert sur les magasins et les portraits de Simone Veil, avec une « violence pogromiste » ( je cite A.Finkielkraut) pendant les manifestations. En Belgique ce sont les thèses du complot juif qui sont avancées par les avocats de la défense de Mehdi Nemmouche accusé de l’attentat terroriste à caractère antisémite au musée juif de Belgique ou encore les livres de Zineb El Rhazouiqui sont vandalisés lors d’une foire du livre car elle s’attaque à l’islamisme.
En commission j’ai du rappeler également que l’antisémitisme occupe bien une place particulière dans l’histoire de l’Europe, qui s’est construite sur les cendres d’Auschwitz et du « plus jamais ça ». Et s’il est vrai qu’il serait bien que tout le monde s’empare de toutes les luttes contre les discriminations il faut pour autant pouvoir montrer l’exemple et non y contribuer. Enfin j’ai aussi dû rappeler à mes collègues, que les Juifs, quelles que soient leur opinion sur le conflit du Moyen-Orient, ont le droit de vivre sans subir d’antisémitisme.