Encore un pavé dans la mare !
Ce mercredi 11 décembre, en Commission infrastructure du Parlement bruxellois, j’ai interpellé la Ministre des travaux publics au sujet de « l’Avenue du Port ».
Ce n’est pas la première fois que je mets les projets d’aménagement de cette artère à l’ordre du jour de cette commission. Car malheureusement, il semble que la Ministre Grouwels souhaite faire de cet axe structurant – qui borde le canal, rythmé par des alignements de platanes magnifiques- , qu’est l’avenue du Port une autoroute urbaine alors qu’il est impératif de préserver ce témoin du passé industriel de notre capitale.
La transformation de cette voie et l’installation de pavés remonte ainsi aux débuts des années 1900, vers 1906-1907. L’avenue du Port est donc la seule artère industrielle de cette dimension de notre capitale qui ait conservé la grande majorité de ses caractéristiques initiales et qui constitue, dès lors, le dernier témoin de l’importance de l’histoire des infrastructures industrielles et du développement du quartier maritime. Certes, elle n’a plus été entretenue depuis une quarantaine d’années et elle nécessite d’être remise en état. Mais ce n’est pas une raison pour la détruire entièrement !
Malheureusement, la Ministre ne voit pas l’intérêt de préserver les pavés. On peut ne pas les aimer à certains endroits. Mais ici ils font partie intégrante de cette avenue. Ils présentent de surcroit des avantages écologiques indéniables puisque c’est un matériau naturel extrêmement résistant, d’entretien régulier et aisé ainsi que de récupération quasi infinie. Sa mise en œuvre traditionnelle garantit une élasticité absorbant les chocs et les vibrations et permettant également la percolation naturelle des eaux de pluies. La surface pavée a également une influence positive sur les microclimats urbains a contrario d’autres matériaux tel que l’asphalte, qui engendre un réchauffement notoire des températures de surface durant l’été. Bien sur il faut les entretenir, mais nettement moins souvent que l’asphalte qui nécessite plus d’entretient que les pavés qui n’ont besoin d’être rehaussés que tous les 20 ans. De plus, l’accord de gouvernement ne s’inscrit-il pas dans un axe de développement durable ? Est-il bien raisonnable de faire fi de ces qualités et avantages à un moment où l’on s’interroge sur le réchauffement climatique ?
Ses arguments et donc ceux du gouvernement sont malheureux : asphalter pour permettre un marquage au sol, qu’elle a supprimé avenue Roosevelt par exemple, pour soi-disant réguler le trafic. Asphalter pour permettre la piste cyclable près de l’alignement des arbres. Vous ne comprenez pas ? Moi non plus ! Et enfin, asphalter pour ralentir le trafic (c’est tout le contraire !) et préserver certaines boites de vitesse de certains poids lourds. Et je vous le jure, je n’invente rien !
Une étude devait être menée afin de déterminer s’il y avait lieu de préserver les arbres et les pavés suite à une consultation. Malheureusement, au vu du cout et de l’urgence des travaux, la Ministre a décidé que cette étude et la consultation n’étaient pas nécessaires. Ce témoin industriel du passé, seul survivant de son époque, sera donc sacrifié plutôt que réaménagé … Encore un pavé dans la mare !