12 millions d’euros,90 cm de béton, l’abattage de 300 arbres et la démolition d’un patrimoine industriel!


Ce mercredi 6 avril 2011 je suis intervenue dans le débat concernant « le projet de transformation de l’avenue du Port » dans le cadre d’une interpellation à la Ministre B. Grouwels. La voici :

Je constate que, quand on a ECOLO dans sa majorité, on n’a plus besoin d’opposition. (Rires)
Ce projet n’est aujourd’hui plus adapté à l’ensemble des considérations présentes au moment de sa conception et notamment suite à l’abandon du projet par le BILC. Même si l’obtention d’un nouveau permis peut sembler longue, les moyens financiers, les enjeux et les multiples conséquences négatives que ce projet engendrera nécessitent un véritable questionnement.
Sur ce point, je rejoins ma collègue de la majorité pour vous demander d’envisager une réflexion de fond sur le sujet.
Je suis déjà intervenue à plusieurs reprises dans ce dossier, il y a trois mois, il y a un an, il y a plusieurs années en demandant une étude, une analyse, un recul. L’avenue du Port est la seule artère industrielle de cette dimension ayant conservé la majorité de ses caractéristiques initiales. Ce n’est pas simplement une avenue. Elle est le dernier témoin de l’importance de l’histoire des infrastructures industrielles et du développement du quartier maritime. Il est vrai qu’elle n’est plus entretenue depuis une quarantaine d’années alors que les axes qui drainent autant de charroi doivent être restaurés au minimum tous les 20 ans. Alors qu’il résiste aussi bien, aussi longtemps, porter atteinte à ce patrimoine est grave.
Est-il nécessaire de procéder à l’abattage des 300 platanes qui bordent cette avenue ? D’un côté, on nous parle de respect de l’environnement et de valeurs, ce dont le groupe ECOLO qui fait partie de la majorité se targue (et ils étaient dans la majorité déjà sous l’ancienne législature qui a initié ce projet!) et de l’autre, on est confronté à la démolition de notre patrimoine et de 300 arbres! Il est question par ailleurs de procéder au remplacement d’un revêtement durable qui existe depuis près d’un siècle, en fonction de données circonstanciées et peu actualisées.

Nous nous interrogeons également sur la pertinence de ce dossier. Il s’agit en effet de trois aménagements différents sur l’un des trois axes structurant la capitale, qui borde en outre le canal.
Puisque les pavés sont déchaussés et que l’avenue est défoncée, des travaux doivent forcément être entrepris. Ne peut-on néanmoins réfléchir à la nature de ces chantiers ? Des travaux de restauration et de réparation de la voie pavée nous paraissent envisageables, voire souhaitables. La CRMS a indiqué que la plupart de ces pavés pouvaient être récupérés. Plutôt que de procéder au remplacement des 33.000 m² de pavés de la chaussée, la récupération des pavés nous semble de loin préférable.
D’autant que ce revêtement présente des avantages écologiques indéniables. Le pavé est un matériau naturel, extrêmement résistant, d’entretien régulier et récupérable à l’infini. Son placement traditionnel garantit une grande élasticité, absorbe les chocs et les vibrations et permet la percolation naturelle des eaux de pluie. Il a également une influence positive sur les microclimats urbains, contrairement à d’autres matériaux qui engendrent un réchauffement notoire.
Est-ce vraiment nécessaire de faire fi de ces qualités et de ces avantages à un moment où l’on s’interroge sur le réchauffement climatique, où nous sommes censés nous inscrire dans une logique de développement durable et qu’il est notoire que ce type de revêtement ralentit la circulation motorisée sans devoir recourir à toute une série de stratagèmes et d’obstacles physiques prévus dans le projet ?
Je me joins donc à ma collègue pour vous demander, Mme la ministre, s’il n’y a pas moyen d’envisager autrement ce projet en plus très onéreux (12 millions d’euros!).

La ministre s’entête dans son projet bétonné, et pour les pavés elle me répond: Mme Teitelbaum m’a déjà interrogée sur le sort des pavés. L’option prise vise à rendre la chaussée plus confortable, et les pavés seront donc utilisés pour les aires de parking situées le long de l’avenue du Port. La commune de Bruxelles-Ville serait prête à récupérer les pavés restants.

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