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le classement des bâtiments en Région bruxelloise: à quand une politique ambitieuse?

hotel-tasselVoici mon interpellation à Charles Picqué, Ministre- président du gouvernement de la région de Bruxelles- capitale, chargé des pouvoirs locaux, de l’aménagement du territoire, des monuments et sites, de la propreté publique et de la coopération au développement, concernant « le classement des bâtiments en Région bruxelloise » en commission Aménagement du territoire le 23 mai 2012

Comme vous le savez, je porte depuis très longtemps une grande attention à la protection, à la conservation et à la restauration du patrimoine de notre Région. Selon moi, beaucoup de bâtiments mériteraient d’être davantage valorisés et protégés, notamment par une procédure de classement. La Région bruxelloise dispose d’un très riche patrimoine architectural qui comprend des édifices de la seconde moitié du 20e siècle.
Cependant, le nombre de classements dans notre Région est très faible. En dehors de quelques initiatives éparses pour l’un ou l’autre immeuble symbolique comme le rectorat de la VUB, le bilan de la politique de classement est relativement maigre pour ces dernières années. Nous aurions souhaité une politique plus ambitieuse.
Le patrimoine des années 50 et 60 mériterait également une attention particulière, dans la mesure où il est le reflet d’une époque qui a marqué l’évolution de notre Région. Il serait dommage de voir menacés les symboles et les témoins architecturaux de notre passé. Ce patrimoine disparaît dans une certaine indifférence. Or, si nous ne nous en préoccupons pas maintenant, c’est toute une architecture qui sera menacée, comme plusieurs cas nous l’ont montré dans le passé. Des éléments symboliques ont été démolis, et nous l’avons tous regretté.
Plusieurs bâtiments importants d’une grande figure de ces années-là, Claude Laurence, ont été ou vont être démolis incessamment. Je pense à l’immeuble qui faisait face à l’église Saint-Joseph, sur le square Frère Orban, démoli en 2011, et surtout à deux bâtiments très corbuséens qui se font pratiquement face dans le bas du boulevard Saint- Lazare, en contrebas du cabinet du secrétaire d’État chargé de l’urbanisme, M. Kir. L’un d’eux est en cours de démolition et doit céder la place à une tour. La démolition de l’autre ne saurait tarder, puisque les vitres des logements, pourtant toujours habités, ne sont même plus remplacées.
Combien de bâtiments – je parle bien de bâtiments, pas d’arbres – avez-vous eu l’intention de classer depuis la modification complète de la procédure de classement en 2009 ?
Combien d’enquêtes en la matière ont-elles été ouvertes par le gouvernement depuis le 27 mai 2009 ? Combien parmi les bâtiments concernés ont-ils été classés ? Combien d’arrêtés de classement définitif après enquête ont-ils été pris par le gouvernement ? Lesquels ? Quelles ont été les motivations de ces classements ?

Combien de bâtiments le gouvernement a-t-il décidé de ne pas classer, puisque le Code bruxellois d’aménagement du territoire (Cobat) introduisait la possibilité d’arrêtés de non- classement ? Lesquels ?
Quels bâtiments seront-ils prochainement classés ? Quels sont les critères retenus pour le classement ou le non-classement de tel ou tel bien ? Je pense au sort des anciennes usines Godin, témoins d’une utopie sociale unique et du développement industriel de Bruxelles.
Une réflexion est-elle menée à ce sujet ? Dans l’affirmative, où en est-elle ? Quelle est l’urgence accordée par le gouvernement à la politique de classement ?

Aux réponses du Ministre Président que vous pouvez trouver sur le site du Parlement Bruxellois, j’ai rétorqué que j’entends bien que les procédures de classement s’avèrent coûteuses et particulièrement en cette période de crise. Néanmoins, il serait souhaitable de développer des solutions créatives afin de protéger les bâtiments à moindre coût, en diminuant les subsides par exemple. Cette mesure ne concernerait évidemment pas les bâtiments emblématiques et les grandes structures, mais les plus petits qui sont menacés. Je songe notamment au bâtiment Eastman.
Certaines ambassades procèdent en toute impunité à la destruction de biens et occasionnent des dégâts sans que l’on puisse les en empêcher, faute de mesures de protection disponibles.
Concernant la centaine de biens que vous avez évoqués, des mesures de protection alternatives au classement traditionnel plus coûteux, peuvent faire l’objet d’une réflexion approfondie. Bien que les procédures relatives au classement soient lourdes –
je songe notamment à l’avis conforme de la CRMS -, il convient de rester prudent. Les outils existants permettent en effet de développer une certaine politique. Lorsqu’un bâtiment est classé, il l’est définitivement. Si l’on commence à alléger les procédures, à supprimer l’avis conforme, ou si l’on suspend une procédure de classement pour des raisons financières, il convient de développer d’autres mesures afin de ne pas relâcher la bride et de ne pas regretter la situation a posteriori.
Il ne s’agit pas non plus de s’enfermer dans un carcan, puisque nous sommes en période de crise, mais bien de faire preuve de prudence surtout si l’on tente de favoriser la protection plutôt que de procéder au classement traditionnel. Il importe de développer des solutions créatives afin de protéger les joyaux architecturaux de la Région avant qu’il ne soit trop tard.

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