Collaborateurs du régime nazi mis à l’honneur
Dans la revue Newsweek financée par le Parlement flamand, pour célébrer les 50 ans de cette institution de notre pays, deux des plus importantes figures de la collaboration belge avec les nazis sont parmi les quelques personnes mises à l’honneur. Il s’agit d’Auguste Borms et de Staf De Clercq, qui créa le Vlaamse Nationaal Verbond (VNV) en 1933 dans le but de créer un État flamand séparé de la Wallonie et qui fut l’un des premiers soutiens nazis. Auguste Borms refusa, jusqu’au moment d’être fusillé en 1946, de renier le nazisme.
Trois quart de siècle après la libération d’Auschwitz, il faut rappeler aux élu.e.s flamand.e.s ce qu’a représenté le national-socialisme et comme le dit Yohan Benizri, le président du CCOJB, 76 ans après la libération des camps, les enseignements de la Shoah n’ont pas été tirés.
La mise à l’honneur de ces collaborateurs du nazisme est scandaleux. Déjà en 1998 le Ccojb a introduit un recours contre le décret Suykerbuyk car nous ne pouvions accepter que des inciviques soient placés sur le même pied que les victimes de guerre. Car nous ne pouvions imaginer que des fonds publics servent à récompenser des personnes qui ont été condamnées pour leur collaboration avec le régime nazi. Le décret Suykerbuyk ne sera jamais appliqué Il n’y aura pas d’amnistie déguisée pour la collaboration flamande: un an plus tard, la Cour d’arbitrage a annulé le décret Suykerbuyk car (déjà) le Parlement flamand « avait outrepassé ses droits ».
En juillet 2011 le parlement bruxellois a voté, à mon initiative, une résolution visant à rappeler son soutien au nécessaire devoir de mémoire et son opposition à toute loi générale d’amnistie, car à nouveau l’amnistie était à l’ordre du jour des partis flamands : le Ministre de la Justice Stefaan De Clerck estimait qu’ un débat sur l’amnistie devait être abordé en « adulte » et permettre « d’oublier, parce que c’est du passé »
76 ans après la Libération des camps nazis l’amnistie, l’oubli, résonnent telles les dérives antidémocratiques, nationalistes, révisionnistes, qu’elles contiennent.
Certes, toutes les victimes n’étaient pas juives, mais tous les Juifs étaient victimes. Les enfants ne conserveront de l’Histoire que les notions qui leur auront été transmises par ceux et celles qui l’ont vécue et qui ont réussi survivre, mais qui disparaissent progressivement et par ceux et celles qui la leur enseignent aujourd’hui.
La singularité du génocide ne peut apparaître comme subjective, comme juive, la mémoire de la Shoah doit rejoindre celle de notre pays. Car notre Mémoire, même si nous revendiquons le droit d’en exprimer le devoir, concerne tout le monde, nous concerne toutes et tous. Et c’est pour cela qu’il est si important que nous nous rejoignions dans une lecture commune des événements de la Shoah – lecture indissociable de celle de la Deuxième Guerre mondiale. Elle implique, bien entendu, la reconnaissance de son Histoire et de ses responsabilités.
Rappelons dès lors au Parlement flamand que le mal réside dans la banalisation du régime nazi, du négationnismes. Ce qu’on tolère aujourd’hui, on le légitimera demain.
Cette évocation des collaborateurs dans la revue financée par le Parlement est une honte.