formation professionnelle : et le genre dans tout ça?
Voici mon intervention en séance plénière du Parlement Francophone Bruxellois ce vendredi 24 juin 2011, sur la formation professionnelle.
Si la situation en terme de genre s’est améliorée, on se rend compte que les femmes apparaissent, de plus en plus, tout à la fois mieux formées que les hommes, mais encore trop souvent discriminées à l’emploi du fait du genre.
Les discriminations de genre portent tout particulièrement sur l’accès à l’emploi et sur la qualité de celui-ci : les efforts de formation tant initiale que continuée des femmes se traduisent moins, comparativement aux hommes, en positions correspondantes sur le marché du travail.
C’est pour cela que je veux rappeler qu’il est essentiel d’appliquer une grille de lecture « Genre » aux politiques de formation, pour encourager la féminisation des métiers traditionnellement masculin. Et on le voit, avec un exemple dont on parle beaucoup ces temps-ci : la STIB. Pour cela, il faut encourager et, plus que cela, stimuler la présence de femmes dans les formations à des métiers traditionnellement masculins, et, de la même manière, celle d’hommes dans des formations aux métiers traditionnellement féminins.
Et on l’a vu on est encore loin du compte… Pourquoi ? Ce sont des questions qu’il faut se poser avec honnêteté.
D’abord, sans doute, il faudrait pouvoir disposer de statistiques genrées à jour sur les formations. Ensuite, très certainement, permettre des évaluations sur base de critères objectifs. En général ces outils permettent d’identifier les problèmes et de faire des progrès.
Les statistiques et les données chiffrées relatives au genre sont, il faut bien le reconnaître, peu nombreuses, difficilement accessibles et faiblement développées. Il y a un effort sérieux à fournir en la matière et un rôle proactif à jouer dans le chef des pouvoirs publics en charge de cette matière. Pouvez-vous nous indiquer les initiatives prises dans ce cadre pour remédier à cette carence ?
Avec une répartition actuelle des demandeurs d’emploi au sein de Bruxelles Formation en 57,2 % d’hommes pour 42,8% de femmes, les intervenants l’ont rappelé en commission, il y a encore du chemin à parcourir. D’autant que ces chiffres sont encore plus exacerbés pour les stagiaires travailleurs répartis entre ¾ d’hommes pour moins d’un ¼ de femmes… Reconnaissons qu’il y là des marges de progression possibles dans les formations genrées.
Comment donc déterminer l’impact de certains formations ? Avez-vous, à cet égard, des outils pour ce faire Monsieur le Ministre ?
Il faut, à un moment donné, prendre le temps d’une réflexion globale sur les formations genrées, les discriminations visibles ou non. Cela a été dit aussi par plusieurs intervenants lors des auditions.
Ainsi, par exemple, le problème du manque de crèches, et en particulier de la difficulté de trouver des places en crèche pour une durée d’un à deux mois, a été soulignée lors des auditions. Une attention spécifique est-elle portée à cette question ?
Un élément qui a également été rappelé, c’est que la polarisation de la population en terme d’éducation à Bruxelles ainsi que celle du marché du travail en terme de qualification recoupent fortement des inégalités sociales… mais également des inégalités de genre. Or, ce qui est intéressant, c’est qu’aujourd’hui les filles sont plus et mieux diplômées que les garçons. Cela doit un moment se traduire aussi sur le marché de l’emploi.
La sous-représentation des femmes dans certains secteurs ou professions résulte ainsi, non seulement, de la ségrégation déjà présente dans l’enseignement, donc préalablement à l’accès au marché du travail, mais également des phénomènes de ségrégation post-éducative qui se déroulent au moment de l’entrée dans la vie professionnelle comme au cours de la carrière.
Il faut ainsi améliorer et augmenter les recommandations en matière de lutte contre les inégalités de genre formulées par le Conseil économique et social de la Région de Bruxelles-Capitale, ainsi que par l’Avis 64 de la CCFEE sur L’emploi et la formation des femmes à Bruxelles.
Pouvez-vous, Monsieur le Ministre, nous indiquer les initiatives que vous allez prendre à ce sujet ainsi que les actions que vous mènerez dans ce cadre ?