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une politique de l’autruche : et le (petit ) patrimoine est sacrifié

chassisVoici mon intervention en séance plénière du 2O juillet concernant la proposition de résolution relative au petit patrimoine et que j’ai consignée avec Béatrice Fraiteur et Willem Draps.
Chaque année, des milliers de châssis anciens disparaissent, sacrifiés sur l’autel de l’isolation thermique ou acoustique, sur l’autel de la méconnaissance ou de l’indifférence. Leur remplacement par de nouveaux châssis en bois exotiques, en aluminium ou malheureusement trop souvent en PVC est légion en Région bruxelloise.
En guise d’exemple, je voudrais citer ce très bel immeuble Art Nouveau situé rue Philippe de Champagne, datant de 1910 et réalisé par l’architecte Paul Vizzavona. Il a été privé de ses châssis d’origine alors qu’ils constituaient un élément architectural important du bâtiment.
Cet exemple illustre parfaitement la situation que cette proposition de résolution souhaite corriger ou améliorer, car faute de prendre les mesures, en vue de renforcer la promotion des primes à l’entretien ou à la restauration pour le petit patrimoine ou faute de veiller à ce que les primes en faveur des économies d’énergie ne nuisent pas à la sauvegarde du petit patrimoine et que celles-ci ne servent pas – même involontairement – la destruction de châssis qualifiés de remarquables, le saccage se poursuivra, menant à la disparition de ce petit patrimoine qui contribue pourtant à la richesse et la qualité de notre architecture.
commission de l’aménagement du territoire l’ont d’ailleurs suffisamment démontré. À l’instar de nombreuses associations de défense du patrimoine, nous souhaiterions qu’une vraie sensibilisation soit menée à cet effet. Parce qu’il ne suffit pas de faire des actions ponctuelles s’il n’y a pas une volonté politique globale. Une exposition c’est bien, des publications c’est intéressant, mais légiférer en ce sens pour protéger ce patrimoine, c’est encore mieux.

Avec les nouvelles directives transposées chez nous – la performance énergétique des bâtiments (PEB) va bien plus loin que la directive européenne – il est important d’informer les corps de métiers, sinon inéluctablement on prend le chemin facile de la destruction. Le remplacement quasi systématique et automatique répond à différents réflexes tantôt économiques, mais parfois aussi culturels, et ce, indifféremment que l’on soit dans des communes plus ou moins riches.
De plus, il est encouragé par l’introduction de la nouvelle législation qui a vu le nombre de demandes et de primes fortement augmenter. Le problème lié à ce phénomène est que, souvent, la demande concerne le remplacement des châssis en un autre matériau. Ajoutez-y le fait que la prime appliquée pour le PVC semble être systématiquement plus élevée, on en arrive à la situation actuelle et à la destruction progressive du petit patrimoine.
Faut-il rappeler encore et encore que la fenêtre et donc le châssis sont primordiaux dans la composition de la façade ? Qu’elle est un élément caractéristique de l’architecture et qu’elle contribue à préserver la diversité et la richesse des quartiers qui composent la ville ? Vu l’absence de débat, je me devais d’intervenir aujourd’hui, car nous ne pensons pas que le patrimoine doit être sacrifié sur l’autel de mesures sur la PEB, d’autant qu’il existe d’autres voies, pas toujours plus chères.
Nous ne comprenons pas pourquoi cette majorité tient un discours lénifiant sur le patrimoine architectural, qu’il soit classé ou non, tout en adoptant une politique de l’autruche qui aboutit à sa détérioration ou, pire, à sa destruction.
Comme l’a rappelé, lors des auditions, la secrétaire de la Commission royale des monuments et sites (CRMS), conserver le patrimoine ne consiste pas seulement à conserver l’image ou l’aspect des bâtiments, mais aussi leurs qualités architecturales et techniques. Et celles-ci témoignent de savoir- faire oubliés, de mises en œuvre particulières et d’une qualité de matériaux qui a tendance à disparaître. Conserver le patrimoine revient donc à conserver la matière. Or, aujourd’hui, la conservation est souvent sacrifiée sur l’autel du remplacement.
Si l’on veut que nos citoyens agissent avec discernement, il faut leur donner des outils et telle est bien l’ambition du texte que nous proposons. En le rejetant sans même y consacrer un débat et sans y réfléchir, la majorité manque à nouveau son rendez-vous avec les citoyens, mais aussi avec le développement durable.

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