Bloc-notes

Deux pistes pour sortir Brutélé de l’impasse

présidentsUn article d’Alain Jenotte dans le Le Soir (supplément économique Page 22)
Mercredi 6 juillet 2011
Télécoms L’absorption par Tecteo est rejetée
Après de longs mois de travail deux pistes seront discutées par les administrateurs. Les deux co-présidents de Brutélé répondent à une interview pour en parler…
ENTRETIEN
L’imbroglio dans lequel se trouve Brutélé, déchiré entre ses ailes wallonne et bruxelloise, cédera-t-il la place à la réconciliation entre frères ennemis ? Cela ne relève plus complètement de l’utopie.
Depuis 2005, Brutélé était promis à une fusion par absorption avec l’intercommunale liégeoise Tecteo, avec qui il commercialise le « triple play » sous la marque Voo. Mais depuis plusieurs années, l’aile bruxelloise de Brutélé remet en cause ce projet de fusion. Ces six communes s’inquiètent d’un rapport de force peu favorable à Brutélé, qui les mettrait totalement sous la coupe de Tecteo. Un revirement qui a créé de graves tensions avec l’aile wallonne de Brutélé, présente notamment à Charleroi, et qui est restée longtemps favorable à cette fusion par absorptions.
Depuis quelques semaines, l’heure est à l’apaisement. C’est qu’aucun pan de Brutélé ne peut réunir seul la majorité nécessaire pour forcer la décision. Wallons et Bruxellois sont donc condamnés à s’entendre. La présidente bruxelloise Viviane Teitelbaum (MR) et le président wallon, Philippe Bouchez (PS), expliquent comment ils veulent sortir de l’impasse.
La volonté de trouver un accord sur l’avenir de Brutélé est manifeste. Quelles sont les options ?
Viviane Teitelbaum On a réussi à se reparler de manière constructive, en faisant le tri entre les propositions fantaisistes ou irréalistes, pour ne conserver que deux pistes. Une mise en vente de l’entreprise ou un rapprochement avec Tecteo. Mais en abandonnant définitivement l’hypothèse d’une fusion par absorption, qui n’est pas acceptable.
Philippe Bouchez Nous sommes au moins d’accord sur une chose, c’est que la situation actuelle ne peut plus durer. Brutélé ne peut rester isolé et devenir une sorte de principauté de Monaco des télécoms. Cependant, je continue à penser qu’une vente n’est pas la meilleure des solutions.

D’autant qu’en Wallonie, les recettes exceptionnelles d’une commune vont automatiquement au remboursement de l’emprunt consolidé pour les communes en difficulté.
Peut-on imaginer que seules les six communes bruxelloises vendent leur câble pour sortir de Brutélé ?
P. B. Ce n’est pas inimaginable. Mais c’est juridiquement très compliqué. Et pour vendre, il faut dissoudre l’intercommunale ce qui passe par un vote à l’unanimité.
V. T. Je ne partage pas ce point de vue. Mais si les actionnaires estiment qu’ils sont sortants, ce sera aux juristes de trouver des solutions.
Les Bruxellois seraient prêts à trouver un terrain d’entente avec Tecteo dans une structure commune ?
V. T. Si l’on écarte la piste d’une vente, il faudrait alors mettre en place au sein de Voo une relation efficace et loyale avec Tecteo, pour supprimer les sources de conflit et d’incompréhension permanents. L’une des craintes des communes, c’est de voir les recettes du câble se tarir pour longtemps. Certains actionnaires ont fait leur compte. Vendre en espérant obtenir l’équivalent de vingt ans de dividendes, c’est plus rassurant que de s’embarquer dans un pari industriel risqué.
P. B. C’est l’un de nos points de désaccord. Ces dividendes restent marginaux dans le budget des communes. Mais les actifs du câble vont prendre de la valeur. Les résultats de Voo sont très bons, on prend des parts de marché sur l’internet et on table sur la migration vers la télé numérique de Voo d’environ 30.000 fanas de foot. Je ne suis pas pour autant opposé à l’ouverture du capital au privé si le public conserve la majorité. Il faudra une taille critique au moins à l’échelle de la Belgique. On le voit avec les synergies entre Voo et Telenet pour les droits du foot ou pour la quatrième licence mobile. Aller dans une filiale de Tecteo qui reprendrait uniquement ses activités télécoms serait une voie médiane sur laquelle on pourrait s’entendre.
V. T. Plutôt que d’être dilué dans le groupe Tecteo, avec juste 8 % des parts nous aurions 28 % de cette filiale et une minorité de blocage. Mais ce sera aux communes de décider si elles préfèrent cette option à une vente.
Quand prendrez-vous une décision ?
V. T. Il faut qu’au plus tard à la rentrée on détermine sur quelle piste unique on va travailler.
Vous pensez que Tecteo acceptera sans sourciller d’abandonner l’idée de la fusion par absorption ?
P. B. Je pense que Tecteo a compris que ressortir de son chapeau ce projet de fusion était un élément de crispation. Mais ils nous ont également fait savoir que si Brutélé tentait de se vendre alors que l’on est partenaires au sein de Voo, ce serait considéré comme une forme d’agression à leur égard et qu’ils activeraient toutes les options juridiques dont ils disposent.
V. T. Soit. Ils ne seront peut-être pas contents d’une telle décision. Mais cela ne signifie pas qu’ils ont une base légale pour la contester.

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