Bloc-notes

indignation sélective au parlement bruxellois

Mon intervention au Parlement Bruxellois sur les textes déposés sur les « violations des droits de homme et du droit international dans la bande de Gaza en Cisjordanie et en Israël » où je dénonce le traitement différencié d’Israël et l’indignation sélective.

Monsieur le président,
Cher-e-s Collègues,

Tout d’abord dans ce Parlement il y a les sujets dont on traite, ceux dont on traite en urgence et ceux qu’on ne traite pas. De plus, nous avons été surpris de la procédure exceptionnelle mise en œuvre pour mettre les trois textes sur Gaza et la Cisjordanie à l’ordre du jour – et mon Collègue Willem Draps l’a rappelé en commission-, et les traiter en urgence et ce encore en plénière aujourd’hui. Alors que le texte que j’ai déposé sur les femmes Yézidies pour leur venir en aide, éventuellement les soigner en Belgique ou les aider sur place, qui a été déposé en 2016 n’a toujours pas été mis à l’ordre du jour de la commission santé, car m’a-t-on dit, « on ne traite pas des sujets internationaux ». On ne traite pas des sujets internationaux ! Pourtant ce conflit dont les Yézidi-e-s ont été victimes a fait 3000 morts rien que lors de la bataille de Sinjar et près 6000 femmes étaient des esclaves sexuelles captives. Alors, soit le conflit israélo-palestinien est devenu un sujet belge, et c’est bien l’impression qu’on peut en avoir, vu l’importation du conflit, soit il y a les sujets internationaux qu’on traite et ceux qu’on ne traite pas. En d’autres mots pour cette majorité il y a « victime » et « victime ».

Ensuite il y a l’indignation sélective, car pour les autres conflits meurtriers il n’y a ni texte, ni urgence. Il n’y a pas de demande de suspendre des accords de coopération, il n’y a pas de demande de suspendre les missions économiques, de faire revenir des diplomates. Aussi graves que puissent être les faits, il n’y a rien de tout cela.

Alors oui je suis triste. Je suis triste pour les Chrétiens d’Orient, je suis triste pour les Yézidi-e-s. Je suis triste pour les opposant-e-s au régime iranien, pour les opposant-e-s au régime turc. Je suis triste pour les Rohingas tués par les Chinois, pourtant personne ici n’a demandé la suspension de l’accord de coopération de la région bruxelloise avec la Chine. Je suis triste pour les Ukrainiens car le conflit là a fait plus de morts en quelques mois que le conflit israélo-palestinien en quelques décennies. Sur les 10.000 morts au printemps 2017, qui ici sait combien de civils ont été tués ? Personne, pourtant il y en a eu 2.777 dont des femmes et des enfants !
Je suis triste pour cette partie de l’humanité qui n’est pas voisine d’Israël, ou pour ces voisins d’Israël dont on ignore les morts. Et quand on condamne le blocus de Gaza par Israël, pourquoi ne pas condamner le blocus de l’Egypte ?

Il faut condamner les violences, mais toutes les violences. Certes le ministre des Affaires Etrangères et le Premier ministre ont condamné ces violences, mais ils condamnent toutes les violences partout, pour tous les conflits. Le ministre Reynders a dit, je cite : « les violences commises contre des civils sont inacceptables et indignes. Assurer la sécurité des citoyens doit se faire de manière proportionnée. Il existe d’autres moyens, non létaux, pour contenir les foules. Le Hamas et d’autres organisations portent une part de la responsabilité, parce qu’ils ont encouragé les Gazaouis à tenter de franchir illégalement la frontière en provoquant des dégâts, et incité à emmener des enfants dans une situation dangereuse. »

Ce qui est évidemment intéressant c’est qu’entre-temps le Hamas, par la voix de son président Yayah Sinouar, s’est lui-même vanté d’avoir envoyé des combattants à la frontière et s’est vanté que sur les 62 personnes tuées le 14 mai, 50 étaient des combattants du Hamas. Il s’est vanté d’avoir encouragé les Palestiniens à franchir la frontière pour aller tuer des Israéliens de l’autre côté de la frontière. Donc pourquoi ne pas attendre les résultats de l’enquête internationale avant de condamner unilatéralement un des deux protagonistes du conflit.

De plus, ni le parlement fédéral, ni l’Europe ne demandent le boycott d’Israël ou la suspension des accords, seulement le parlement Bruxellois. Pourquoi ? Oui pourquoi ? On le sait évidemment.
Pourquoi cette importation du conflit alors qu’il faudrait éviter la surenchère ? Parce que, comme je l’ai dit au début, dans ce Parlement il y a « victime » et « victime » et les sujets dont on ne traite pas vu l’indignation sélective qui s’exprime et je le regrette.

 

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