intervention en plénière sur la radicalisation…
Chèr-e-s collègues,
Je vais compléter l’intervention de mes collègues, dans une autre approche, plus genrée.
Comme ceux et celles qui recrutent sur notre territoire et qui ont une approche spécifique de genre également.
C’est donc une matière transversale dans les différents parlements sur les violences et le genre !
En effet, si les femmes font rarement la guerre, elles souffrent trop souvent des pires conséquences de ces conflits. Elles sont des centaines de milliers à être victimes de viols, utilisés comme arme de guerre. Un crime massif, systématique, qui frappe des territoires entiers. Derrière ces déchaînements de violence : une volonté de détruire une société. Car en violant une femme, c’est toute une société que l’on déstructure, ce sont des communautés que l’on détruit, des familles que l’on brise.
Les femmes sont donc souvent les premières victimes d’un conflit. Et ce conflit ne fait malheureusement pas exception.
Nous le savons : la femme libre est le symbole de ce que les djihadistes détestent : l’Occident et la liberté. C’est pourquoi, dans les zones qu’ils occupent, ils ont interdit le port du jeans ou de vêtements laissant apparaître la chair et imposé le voile intégral. Malheureusement, cela ne s’arrête pas là. L’EI utilise également l’esclavagisme pour les femmes et les jeunes filles yazidies. Elles sont enlevées, vendues, violées ou transformées en esclaves sexuelles, converties et mariées de force ou encore exécutées. Il y a une véritable orchestration de la déshumanisation des femmes par les djihadistes.
Les témoignages font état d’une stratégie bien définie de leur part. Les victimes décrivent de véritables campagnes de terreur.
Toutefois, la problématique des femmes est double et ne s’arrête pas dans les zones de combats. En effet, le recrutement de combattants à l’étranger touche également les filles. Elles ne sont parfois que des adolescentes, les plus jeunes ont 14 ans. Les plus âgées ont dans la trentaine.
Combien sont-elles en Belgique ? Combien à Bruxelles ?
Ces femmes, ces filles ont le sentiment de servir une cause qu’elles estiment juste. Elles sont souvent converties et aveuglées comme les garçons par la propagande développée par les djihadistes. Ce sont des proies faciles. Il nous faut donc l’aborder en tant que tel.
Ce mouvement mondial de femmes djihadistes n’a pas de précédents dans l’histoire du Moyen-Orient. Du moins pas de cette ampleur. Seuls deux cas sont régulièrement cités par les spécialistes de la question, ceux de deux Belges, Muriel Degauque et Malika el-Aroud. L’une, convertie, est la première femme européenne à avoir mené un attentat-suicide au nom de l’islam en 2005 à Bakouba, en Irak, après s’y être installée avec son mari. L’autre, une Belgo-marocaine de 54 ans, est l’ « égérie » djihadiste des années 2000. Veuve de l’un des deux assassins du commandant afghan Massoud, assassiné en 2001, Malika el Aroud est l’une des pionnières du djihadisme 2.0. A partir de 2002, elle s’est montrée particulièrement active dans la propagande sur internet, où elle incitait des jeunes à s’engager dans le djihad afghan.
Ces extrémistes utilisent donc des moyens de propagande technologiques afin de contacter ces jeunes filles via internet : applications amplifiant l’impact des tweets, recourt aux archétypes de comportements mimétiques, imagerie de jeux vidéo etc.
Malheureusement, aucune réponse concrète n’est apportée à cette problématique et on estime aujourd’hui que 200 à 300 jeunes femmes européennes auraient rejoint l’EI. Et les filles ne reviennent que très rarement.
Il est dès lors nécessaire de mener une campagne anti-propagande efficace et technologique, sur internet, auprès des femmes, des filles ou de leurs mères tant qu’il en est encore temps. Elles partent pour se marier ou déjà mariées elles vont accompagner un djihadiste.
Les campagnes que nous devons mener doivent donc viser les mêmes canaux que ceux qui servent à les recruter et cibler des femmes et filles tout comme les hommes et les garçons. Réaliser des campagnes sur les réseaux sociaux et produire des vidéos qui utilisent des stratégies de marketing « pear-to-pear » grâce à des femmes qui s’en sont sorties ou qui exercent une influence sur ces jeunes filles.
En France, par exemple, parmi les messages pour contrer le recrutement, on en trouve qui sont spécifiquement genrés : je cite : « ils te disent: viens fonder une famille avec un de nos héros; en réalité tu élèveras tes enfants dans la guerre et la terreur ».
Pour nous il est donc nécessaire aussi d’intégrer une approche genrée dans cette problématique et de cibler aussi les problèmes rencontrés par les jeunes filles dans les stratégies futures en matière de lutte contre le radicalisme dans notre Région.
Y répondre en construisant des messages spécifiques dirigés à l’encontre de cette violence, de cette propagande, qui fait des dégâts ici d’abord, là-bas ensuite. Comptez-vous l’inclure de manière spécifique dan votre plan contre le radicalisme au niveau de la communication, cohésion sociale, police et éducation. Comment ?
Pour répondre à M. Ahidar, je voudrais dire que s’il estime que les femmes voilées doivent pouvoir se promener sans problème dans les rues de Bruxelles, les femmes qui ne souhaitent pas se voiler doivent aussi pouvoir être respectées et pas menacées.
Et je voudrais répondre à M. Clerfayt qui si les Juifs ont peur, ce n’est pas de l’armée ou de la police qui les protège mais des menaces terroristes et c’est ce problème qu’il faut aborder.